Chroniques de Philippe Curval

Claude Seignolle : le Bahut noir

roman fantastique, 1958

chronique par Philippe Curval, 1959

par ailleurs :

Monsieur Claude Seignolle, qui fut l'auteur d'une Malvenue fort bien venue, est un dilettante.

Ce n'est pas un reproche. Son dernier livre, le Bahut noir, est le fait d'un lettré, amateur de Fantastique, dégustateur de névroses, qui — sans accorder à ces termes le sens péjoratif de “naïf” qu'on leur attribue —, semble l'avoir écrit le dimanche aux heures creuses.

C'est un roman fantastique, au sens empirique du terme ; c'est-à-dire que les personnages n'existent qu'en fonction de l'univers fictif que l'auteur a voulu décrire. Ils ne sauraient en aucun cas se détacher des pages du roman pour vivre normalement, leur apparence et leur véracité étant définies par les événements dans lesquels l'auteur les insère.

Jugez-en : un jeune homme de bonne famille et de bon goût, délicatement snob et pourvu d'une fiancée qui lui est tout acquise, se trouve, à la suite de pressentiments urgents, le possesseur d'un bahut noir qui le plonge, la nuit venue, dans un univers passé. Dans cette époque parallèle, il s'incarne sous les traits d'un vieillard libidineux, féru de sensations amoureuses nouvelles, qui trouve une nouvelle vigueur sexuelle dans le pacte qu'il a signé avec le bahut noir et, par là même, avec un ou plusieurs personnages mystérieux.

Peu à peu, il s'excite à la vue de sa propre fiancée jusqu'au paroxysme du désir.

Il est de coutume de ne point narrer le dénouement ; je m'y tiendrai.

Pour conclure, amateurs de Fantastique de bonne tradition, vous pourrez prendre plaisir à déguster ce roman délicat et brûlant de passion tout à la fois.