Chroniques de Philippe Curval

Stéphane Beauverger : Chromozone

roman de Science-Fiction, 2003

chronique par Philippe Curval, 2005

par ailleurs :
Karma ou Karl Marx ?

« Il n'y a plus de place en ce monde pour la bêtise » proclame la quatrième de couverture du deuxième roman publié par un tout jeune éditeur, la Volte. Il est vrai qu'en ce monde de stupidité rapace et raciste où nous vivons, cette phrase apparaît comme un slogan sympathique. Également vrai que dans une société où chacun redoute la “prise de tête” devant la moindre proposition intellectuelle, Chromozone s'avère une réflexion intéressante sur nos lendemains qui pourraient déchanter. S'il n'est pas inédit, le thème de départ est si riche en implications qu'il mérite d'être décliné. En admettant qu'un virus pervers détruise d'un seul coup l'organisation informatique de la planète, que se produirait-il ? Stéphane Beauverger imagine que les États se fractionnent en entités ethniques ou régionalistes, parmi lesquelles, les Blancars, les Sicaires, les Keltiks ou les Neg'marrons. Chacun défend sa zone. D'autres individus plus aisés se réfugient dans les sécurifiefs et les conforteresses. Tandis qu'une société high-tech manipule en sous-main la planète. À sa tête, Lester, qui a inventé un moyen de se protéger du virus et de communiquer par phéromones.

Cela posé, par ses prises de position tranchées, sa paranoïa sous-jacente et ses épisodes de violence convenus, Chromozone ne serait qu'un surgeon de la vieille SF politique française si Stéphane Beauverger n'était doué d'un réel talent d'écrivain et de conteur. La magie du livre opère dans la description subtile de ses personnages en dérive dans ce monde en déglingue. Le récit tient en haleine par son rythme et son style à la fois trash et sophistiqué. Dommage que l'authentique sujet de Science-Fiction, la phérommunication et l'apparition d'une nouvelle civilisation empruntant à l'idée du Karma mêlée à celles de Karl Marx, ne soit qu'esquissé. Mais le voyage vaut d'être vécu avec, en prime des illustrations, une mise en page originale, des suites prévues, dont la première, les Noctivores, vient de paraître.

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 447, novembre 2005

Theodore Sturgeon : Romans et nouvelles

romans et nouvelles de Science-Fiction, 2005

chronique par Philippe Curval, 2005

par ailleurs :

Bonne nouvelle pour les amateurs de Theodore Sturgeon, dont l'œuvre devient rare, la parution d'un “Omnibus” qui comprend ses deux romans essentiels, Cristal qui songe, les Plus qu'humains, trente nouvelles et une autobiographie, le tout préfacé par Jacques Goimard.

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 447, novembre 2005

Thomas Day : les Continents perdus

anthologie, 2005

chronique par Philippe Curval, 2005

par ailleurs :

Beau sujet d'architecture mentale, l'anthologie de Thomas Day chez Denoël, les Continents perdus. Cinq gros récits qui combinent subtilement voyages, déplacements dans le temps, Fantastique, Science-Fiction et Fantasy. Les amateurs d'exploration imaginaire s'en réjouiront.

Philippe Curval → le Magazine littéraire, nº 447, novembre 2005