Carnet de Martinique Domel, catégorie Vrac

Iñtërnâtiônàlizætiøn

Martinique Domel, billet du 29 mai 2005

S'engouffrant dans les étroites avenues de l'internationalisation des régionalismes qui secoue présentement l'internet, exliibris, dans la mesure du possible, a toujours cherché à rétablir l'orthographe originale des noms propres, du moins lorsque celle-ci est d'abord en caractères latins.

C'est ainsi, puisque c'est surtout les noms d'origine hispanique qui ont souffert dans la francophonie, que les Barceló, Cortázar, Díaz, Expósito, Fernández, García Márquez, Gómez, González, Ibáñez, López, Martínez, Montalbán, Raúl, Suárez, Vázquez, etc., ont récupéré l'accent qu'on leur avait inconsciemment ravi. C'est ainsi également, a contrario, que les Borges et Fuentes ont perdu celui qu'on leur avait intentionnellement infligé.

Un travail de fond a aussi été effectué sur l'Europe de l'est : Čapek, certainement, mais aussi le Stanisław de Lem, pour finir, bien sûr, en guise de point final, avec Żelazny :-)

Dans ce cadre et à l'occasion du catalogage des essais au sommaire du très impressionnant Panorama illustré de la Fantasy & du Merveilleux, un problème nouveau s'est posé à nous. En effet, y est étudiée l'œuvre féerique et réelle de Poul Anderson qui, en bon Américain, aimait à rappeler ses origines européennes et civilisées, et était persuadé que son prénom d'origine scandinave s'orthographiait Poùl. Il l'a dit à quelques reprises dans tel ou tel entretien et, depuis, son hagiographe français, John-Daniel Break, fondamentalement mû par les mêmes préoccupations que nous, ajoute scrupuleusement et systématiquement ce grave qui manquerait douloureusement, en particulier dans ledit Panorama

gooooogle a mis à notre disposition un outil de recherche statistique absolument fabuleux, et lorsque l'on se penche sur ce que pense le danois de la chose, ou le suédois, le norvégien, l'islandais ou même le finnois, surprise ! force nous est de constater que Poul n'a jamais vu le moindre diacritique, et qu'il s'agissait donc, pour notre auteur, tout au plus d'une afféterie sans fondement sonnant et trébuchant !

Que faire, alors ? Mettre Poùl sans plus contenter personne puisque le régionalisme se limite là à une seule personne, décédée entre-temps, et que le spécialiste ci-dessus cité sait maintenant vraiment de quoi il retourne ? Passer l'affaire sous silence en se contentant de Poul, et risquer ainsi de paraître ridicule d'inculture en public mal informé ? Mettre une note explicative et laborieuse comme celle-ci, qui de toute façon ne sera pas lue ? Le métier de bibliographe est bien difficile !

Commentaires

  1. Jean-Daniel Brèquedimanche 5 juin 2005, 07:20

    À propos du u dans Poul :

    Il fut un temps, en effet, où j'écrivais "Poùl Anderson" dans les articles où je citais son nom. Je me basais pour cela non sur une déclaration de l'auteur (qui existe peut-être — avez-vous une référence ?), mais sur deux ou trois ouvrages dédicacés en ma possession.

    Puis j'ai fini par renoncer à ce que je considérais moi aussi comme une afféterie, d'autant plus que son prénom était orthographié Poul dans toutes les sources américaines (ouvrages de l'auteur, listes, articles, etc.).

    C'est l'éditeur (André-François Ruaud) qui a réintroduit le "Poùl" en rééditant mon bref essai, dont je pense pourtant lui avoir envoyé une version légèrement révisée, et en tout cas sans "Poùl".

    Bravo pour votre travail et bon dimanche,

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