Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Stephen Baxter : Phase space (Manifold – 4)

recueil de Science-Fiction inédit en français, 2002

Ellen Herzfeld, billet du 31 mars 2007

par ailleurs :

Après avoir lu Time, Space & Origin, j'envisageais de changer un peu d'air mais Gutboy, en commentaire à mon billet sur Origin, conseillait la lecture du recueil de nouvelles qui clôt le cycle, Phase space. Ce que j'ai donc fait.

Il est certain qu'il est préférable d'avoir été immergé dans le cycle Manifold avant de lire ce recueil mais ce n'est pas absolument nécessaire. D'ailleurs, la façon de grouper les vingt-cinq nouvelles en sections avec, souvent, une petite introduction qui tente de créer un lien entre les nouvelles et avec la série en entier m'a paru un peu inutile. Soit on a lu la série et alors les liens apparaissent tous seuls soit on ne l'a pas lue et, dans ce cas, l'exercice est vain. Mais bon, ce n'est qu'un détail.

Les nouvelles sont pratiquement toutes de la bonne hard SF qui explorent encore et toujours les obsessions de Baxter avec le programme d'exploration spatial et, pour rester en phase avec la série, le paradoxe de Fermi et les univers multiples. Certaines sont, néanmoins, du moins pour ce que j'en ai vu, complètement indépendantes, sauf si on veut les classer dans un univers alternatif. Elles se répondent presque toutes plus ou moins, soit par leur thème, soit par la présence de certains personnages récurrents.

Aucune ne m'a franchement déplu mais je m'en tiendrai à évoquer celles que j'ai préférées.

"Glass Earth, inc." décrit un monde dans un avenir proche qui est totalement envahi par le virtuel, et où chaque personne se voit attribuer une sorte d'ange gardien virtuel à la naissance dont le rôle est de l'aider à vivre et à survivre dans l'infosphère qui serait, sinon, totalement au-dessus des capacités d'adaptation humaines. Les virus informatiques eux-mêmes ont atteint un tel degré de sophistication qu'ils ont acquis des droits en tant qu'entités vivantes. Regarder la publicité un certain temps par jour est une obligation légale pour chaque consommateur… et attention, pas question de penser à autre chose à ce moment, sinon on n'atteint pas son quota obligatoire. Morhaim est un inspecteur qui mène une enquête sur un crime, événement rare s'il en est. Il va, à travers cette enquête, remettre en question tout le système. The Matrix n'est pas loin.

Dans "Poyekhali 3201", Yuri Gagarine, héros de l'Union soviétique, part pour son vol historique. On vit avec lui le décollage minute par minute, jusqu'à… l'intrusion de l'anomalie. Mais Gagarine poursuit minutieusement sa mission, agissant exactement comme il devait le faire, tout en analysant les anomalies qui s'accumulent et qu'il ne peut pas comprendre. Très beau texte.

"Sun god" est un autre beau texte, un peu complexe, qu'il faut peut-être lire deux fois. Cela se passe dans un lointain avenir mais aussi, apparemment, dans un univers qui ressemble à notre passé récent. Toujours l'exploration spatiale, la réalité et la virtualité. Baxter utilise certes le même thème mais il en explore toutes les ramifications. Et le mélange humanité et science est parfaitement dosé.

Dans "Sun cloud", on est dans un monde totalement étrange, avec des êtres vraiment “autres”. On y explore leur sens de la vie, de la mort… Une douzaine de pages seulement, et j'ai eu l'impression d'avoir lu un roman entier. Balèze.

"Sheena 5", paru dans Analog en mai 2000, est très lié au début du roman Time. Mais ici, le devenir des calmars intelligents n'est pas le même. Relu pour la deuxième fois (sans parler de la version dans le roman) avec plaisir.

Dans "the Fubar suit", une astronaute est dans une situation critique sur un astéroïde, et son scaphandre, conçu pour faire face à toute éventualité et la maintenir en vie envers et contre tout, joue sa dernière carte. C'est un peu une nouvelle “gadget” qui rappelle Fantastic voyage et dont j'avais deviné le “truc” bien avant la fin, ce qui ne veut pas dire qu'elle n'était pas bien et fort plaisante à lire.

Je saute rapidement à l'avant-dernière nouvelle, "Touching Centauri", qui explore encore une fois, et sous un autre angle, le paradoxe de Fermi. En moins de trente pages, il y a encore matière à un roman entier, avec les personnages que nous connaissons déjà bien : Reid Malenfant, Cornelius Taine et d'autres.

Voilà, le cycle est terminé. C'était une très forte dose de sense of wonder.

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