Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Stephen Baxter : Resplendent (Destiny's children – 4)

recueil de Science-Fiction inédit en français, 2006

Ellen Herzfeld, billet du 29 avril 2010

par ailleurs :

Le dernier volet de la série Destiny's children(1) est un recueil non traduit à ce jour : Resplendent. Sur les dix-neuf nouvelles qui le composent, seule la dernière est inédite. Les autres ont paru, entre 2000 et 2006, soit en magazine, soit dans des anthologies originales, soit en volume pour certaines novellas.

À la fin du livre, on trouve une chronologie des événements des quatre tomes des Enfants auxquels viennent s'ajouter ceux de plusieurs autres romans dans la séquence Xeelee, l'histoire du futur qui commence, en fait, par ordre de parution, avec la toute première nouvelle publiée de Baxter, "the Xeelee flower", qui date de 1987.

Baxter avait déjà établi une chronologie dans le recueil Vacuum diagrams, sorti en 1997, qui reprenait des nouvelles situées dans ce même univers xeelee, parfois un peu réécrites pour l'occasion. Aux quatre autres romans, Timelike infinity, Raft, Flux & Ring,(2) il faut donc encore ajouter bon nombre de textes complémentaires éparpillés dans diverses revues et anthologies. Les deux chronologies ont été fondues en une seule, avec en prime une bibliographie de l'ensemble de l'œuvre de Baxter.(3)

Donc, pour revenir à Resplendent, le recueil est découpé en six parties, ou Ères (Eras), regroupant des récits qui se passent plus ou moins à une même époque, ou du moins à une même période de l'histoire de l'Humanité, de façon chronologique. À la fin de chacune d'entre elles, on trouve un texte qui sert de fil conducteur sous forme d'un commentaire dont le narrateur n'est autre que Luru Parz, l'immortelle — ou plus exactement l'amortelle —(4) rencontrée dans Exultant.

La première Ère, dénommée Resurgence, concerne l'occupation Qax et la période tout de suite après leur départ. Dans la première nouvelle, "Cadre siblings", on rencontre Luru Parz à vingt ans, membre d'un groupe dit les “jasofts” qui collabore avec l'occupant dans leur grande œuvre de destruction systématique et complète de la mémoire de l'Humanité. Son travail consiste à supprimer progressivement les langues terriennes, par un travail linguistique élaboré qui devrait aboutir, après plusieurs générations, à ce que les Hommes ne parlent plus qu'une seule langue artificielle créée par les Qax. Mais là, sa supérieure, Gemo Cana, va lui confier une autre mission, celle d'essayer de ramener au bercail un jeune collègue, Symat Suvin, qui a aussi été son amant. Il a quitté leurs rangs pour entrer dans une sorte de résistance contre l'occupant et risque d'être tué à l'occasion d'une incursion prévue des Qax. On découvre ainsi la situation tragique de la Terre occupée, l'existence de rébellions écrasées sans merci, de collaborateurs qui sont “achetés” avec un traitement qui empêche le vieillissement et qui les rend amortels dans le sens qu'ils ne meurent plus ni de maladie ni de vieillesse (undying en V.O.) mais peuvent quand même être tués lors d'un accident ou par un acte de violence. Et surtout, on apprend que ces amortels, dont Gemo Cana, dénommés aussi pharaons, justifient leur apparente traîtrise par le fait que l'alternative à l'oblitération de la mémoire de l'Humanité serait bien pire : la destruction pure est simple de l'espèce elle-même. Ils ont en plus la certitude qu'en acceptant la vie éternelle ils deviennent ipso facto les derniers et seuls dépositaires de toutes les connaissances et souvenirs qu'ils aident par ailleurs à détruire. Ils seraient donc en fait des héros dissimulés sous les apparences de traîtres. Luru Parz se voit proposer par Gemo de rejoindre les rangs des pharaons, mais elle hésite. Après un épisode où un vaisseau Qax est détruit et où Symat se sacrifie pour la cause, elle prend sa décision et avale la pilule de longévité, ayant compris l'importance du souvenir pour donner un sens aux événements et peut-être même pour assurer la pérennité de l'espèce humaine.

Les trois nouvelles suivantes, "Conurbation 2473", "Reality dust" et "All in a blaze", montrent l'Humanité dans les années qui suivent le départ des Qax (comment et pourquoi ils sont partis, l'histoire ne le dit pas, mais il est suggéré que c'est bien le fait des Humains). Le propos de l'auteur semble être de montrer que les Hommes, une fois de nouveau libres, n'ont de cesse que de s'entre-tuer. Les jasofts, anciens collaborateurs dont certains ont bénéficié du traitement contre la mort, sont obligés de s'enfuir vers les confins du Système solaire pour échapper à la vindicte de la Coalition qui se retrouve au pouvoir.

Dans "Reality dust", on voit que le départ des Qax, autorité en place depuis des siècles, a abouti rapidement à un chaos total : bagarres entre factions, aucune maintenance de l'infrastructure, retour des maladies et de la faim. Les jasofts ont été pourchassés et souvent sommairement exécutés. Un nouveau gouvernement s'est formé, la Coalition intérimaire, qui tente de rétablir un semblant d'ordre. On y rencontre Hama Druz, jeune politicien intelligent et ambitieux chargé de retrouver les collaborateurs jasofts et de les faire passer en jugement. Dans le cadre de cette mission, il est amené à voir et à comprendre beaucoup de choses. Il a conscience que la situation des populations libérées ne s'est pas arrangée mais il sait aussi que les pharaons, les jasofts amortels, dont les crimes peuvent remonter à loin et pour lesquels il n'y a aucun témoin, aucune trace, ne seront pas faciles à manier. D'autant que ces gens sont en fait très utiles car ce sont les seuls qui savent comment administrer une planète, comme faire fonctionner un monde. Hama et Nomi, une femme officier dans la nouvelle Armée verte, doivent partir pour Callisto, la lune de Jupiter, pour accomplir leur mission et retrouver les jasofts qui se sont réfugiés dans une base scientifique dont s'occupait un certain Reth Cana. Avant son départ, il reçoit la visite d'une femme, Gemo Cana avec sa fille. Il s'avère que Gemo est une amortelle qui avait un poste élevé du temps des Qax (c'est elle qui a donné la pilule de longévité à Luru Parz dans la première nouvelle) — donc, c'est une criminelle — et que sa fille, Sarfi, est en fait une Virtuelle, dont la source est dans la tête de la mère. Gemo arrive à convaincre Hama de l'emmener avec lui sur Callisto, car sinon elle sera tuée par la coalition, ce qui implique la mort de sa fille virtuelle, qui n'a rien fait de mal. La situation de Sarfi et ses interactions avec sa mère sont, tout au long de la nouvelle, le sujet de plusieurs scènes parfois pénibles et, jusqu'au bout, j'ai eu du mal à bien saisir la véritable nature de leur relation. Hama, Nomi, Gemo et Sarfi quittent la Terre alors qu'il y a une échauffourée entre deux factions, et qu'un Nightfighter xeelee arrive sans raison apparente. Arrivés sur Callisto, ils sont reçus par Reth Cana, qui est en fait le frère de Gemo. La notion de tels liens familiaux, mère et fille, frère et sœur, est profondément étrangère au mode de pensée inculqué par les Qax, et que Hama a, malgré lui, totalement intégré. Reth, personnage tout particulièrement désagréable, explique que ses recherches concernent la nature même de la réalité, et se propose de présenter ses travaux à Hama, qui est, entre autres, venu pour voir s'il y avait dans tout ça quelque chose d'utile à sauver pour l'Humanité de la Coalition. Ils vont donc visiter une sorte de laboratoire sous-terrain où Reth montre qu'il a découvert une forme de vie très particulière, propre à cette lune. C'est l'occasion d'explications byzantines sur la véritable nature de l'univers selon Reth. Je vous les épargne. Il suffit de savoir que les formes de vie de Callisto ont évolué, du fait de leurs circonstances peu favorables, d'une manière qui leur a permis d'atteindre d'autres dimensions de la réalité, dont un lieu dénommé configuration space, et on nous laisse même entendre que c'est cet endroit que Platon lui-même avait entrevu. Entre-temps, Nomi a pu constater que si Reth Cana est apparemment tout seul sur Callisto, alors qu'il devrait y avoir pas mal d'autres pharaons avec lui, c'est tout simplement parce qu'il les a tués, tous. Reth, lui, estime en fait les avoir envoyés, apparemment avec leur consentement, par le chemin ouvert par les bestioles locales vers un monde meilleur dans la configuration space. C'est d'ailleurs là qu'il s'évertue à envoyer Gemo — ce qui, au passage aura comme conséquence inévitable de tuer Sarfi — alors même que le Xeelee qui est dans le coin arrive vers eux. Pour Nomi et Hama, si l'autre univers existe concrètement, il représente essentiellement un moyen pour les pharaons d'échapper à la justice. Et de toute façon, pour eux, selon toute apparence, Gemo est tout simplement morte pendant l'opération. Reth ne tarde pas à la suivre.

Parallèlement, on découvre un univers manifestement virtuel, fait de “poussière de réalité”, où des gens apparaissent — naissent — et vivent dans une sorte de forêt près d'une plage où la mer est constituée d'une substance noire (représentation des Xeelee ? de l'entropie ?) qui dissout les gens, entièrement ou en partie. On suit une nouvelle venue, qui pense se nommer Callisto et qui perd une main à cause du liquide noir dès les premières minutes dans ce monde. Elle explore ce lieu étrange, sans temps, sans mémoire, où elle est arrivée sans savoir ni comment ni pourquoi. Elle y rencontre des gens qui errent sans but particulier et aussi un être terrifiant, qui semble avoir été jadis humain, qu'elle va combattre et détruire. On comprend à la fin que Callisto, c'est en fait Gemo, arrivée effectivement dans l'univers promis par Reth, ce dont on se doutait déjà un peu, univers qui ne présente qu'un intérêt très moyen vu qu'on y perd tout souvenir et qu'on n'est donc en rien la même personne que celle qu'on était avant.

Hama a finalement plus ou moins cru aux élucubrations de Reth Cana et, resté sur Callisto avec Nomi, il comprend que si le Xeelee est venu dans le coin, c'est à cause des recherches de Cana et de sa découverte des formes de vie dont les pouvoirs particuliers les inquiètent. À juste titre d'ailleurs car, à la fin, sans doute pour sauver leur lieu de vie, les bestioles font carrément bouger Callisto en entier juste la distance nécessaire pour engloutir le Xeelee qui approche. Fallait le faire.

Pendant tout ce périple, Hama Druz a beaucoup réfléchi et a pu mûrir sa doctrine qui va guider la politique de l'Humanité pendant des milliers d'années, en particulier pendant les événements d'Exultant. Son idée est que l'Humanité ne doit avoir qu'un seul objectif : survivre et s'étendre à travers toute la Galaxie, que seule l'espèce compte, l'individu n'étant rien en dehors d'un moyen vers le but collectif. Apparemment, l'idée avait du bon car la troisième expansion — tout antipathique qu'elle puisse paraître — ne rencontrera que peu de résistance et maintiendra les Hommes unis, ce qui n'est pas un mince exploit.

"Reality dust" est une novella très complexe — je dirais même parfois confuse, tellement il y a de notions extraordinaires évoquées, sans être toujours développées suffisamment. Par certains côtés, elle se rapproche de certains textes de Greg Egan où il explore la nature de la réalité, en particulier dans "Dust" et aussi, par certains aspects, "Wang's carpets".(5) Mais, comme souvent dans Baxter, et peut-être plus dans ses nouvelles que dans ses romans, il semble aller trop vite, vouloir tasser trop d'idées dans un espace trop petit pour elles. Mais bon, on ne s'ennuie pas au moins, même si on reste parfois sur sa faim, surtout sur le plan de la profondeur des personnages et de la cohérence de leurs motivations et de leur comportement.

La dernière nouvelle de cette première partie, "All in a blaze", nous montre que les amortels, génétiquement modifiés par les Qax, sont devenus illégaux. Ils ont été soit éliminés, soit “soignés” pour redevenir “normaux” et pouvoir s'intégrer dans la société. Mais ce nettoyage génétique n'a pas complètement éradiqué la “tare” de sorte que, de temps en temps, un enfant se retrouve affecté de l'anomalie honnie. C'est le cas de Faya Parz qui ne prend vraiment conscience de sa particularité qu'à quarante ans passés, alors que les gens de sa génération vieillissent et elle non. Luru Parz, qui doit surveiller tout ça de loin, vient la trouver et lui explique le rôle à long terme des amortels et le fait que si elle fait le choix de les rejoindre, plutôt que d'accepter le “traitement” proposé par le gouvernement, il va falloir qu'elle se cache car il n'y a pas de place pour eux dans le monde de la Coalition.

La deuxième Ère, the War with the ghosts, concerne la rencontre avec une espèce étrange, les Fantômes d'argent (Silver Ghosts) dont on a pu avoir un petit aperçu dans Exultant. C'est une espèce qui a dû se modifier très radicalement pour survivre lorsque leur soleil leur a fait faux bond — ils sont donc enveloppés d'une sorte de peau intelligente et surtout parfaitement réfléchissante, un miroir vivant qui les isole de l'extérieur et leur permet de supporter des environnements extrêmes. Et qui les rend aussi très difficiles à voir, d'où leur nom. Ils s'intéressent essentiellement à la connaissance intime de la matière et de l'univers et aux méthodes pour manipuler tout ça.

La première nouvelle, "Silver Ghost", raconte le premier contact avec eux où une adolescente se retrouve perdue à la surface d'une planète gelée et hostile que les Humains viennent d'aborder dans un but de colonisation et où elle rencontre un être étrange qu'elle arrive à peine à discerner visuellement. Elle apprend donc qu'ils sont sur place depuis longtemps, essentiellement pour poursuivre leurs recherches et leurs expériences scientifiques, et les événements nous montrent qu'ils sont plutôt sympas, ou du moins n'ont pas de visées expansionnistes comme les Hommes.

Dans la deuxième, "the Cold sink", on rencontre Jack Raoul, qui a consacré sa vie à maintenir la paix entre les Humains et les Fantômes d'argent. Pour ce faire, il a même dû sacrifier son humanité et se faire transformer plus ou moins en Fantôme lui-même. Mais les circonstances politiques changent et le voilà tombé en disgrâce car le moment n'est plus à faire copain copain avec des gens qui, finalement, ne font que gêner l'expansion de l'espèce humaine dans la Galaxie. La Coalition ne rigole pas quand quelqu'un ne lui plaît plus et Jack Raoul est manifestement condamné à mort. La nouvelle suit en parallèle son exécution bizarre et la tentative tout aussi étrange pour le sauver que monte un de ses amis parmi les extraterrestres. Comme à son habitude, Baxter nous montre des univers fabuleux basés sur des spéculations bien réelles et actuelles, tout en faisant un commentaire très peu flatteur sur une Humanité qu'il dépeint — avec une grande lucidité, à mon avis — comme vraiment pas très fréquentable.

"On the Orion line" raconte un épisode de la guerre avec les Fantômes d'argent. Un vaisseau de la flotte humaine prend en chasse un vaisseau ennemi, qu'il percute au moment même où ils pénètrent ensemble à l'intérieur d'une sorte de forteresse construite autour d'une étoile. Le point de vue est celui d'un jeune soldat, un des quatre survivants de l'attaque. Ils vont essayer de comprendre où ils sont et comment en sortir, ce qui est l'occasion de mieux cerner la philosophie de la Coalition, quasi-caricature de notre monde actuel avec sa frénésie de croissance économique à tout prix, au mépris des vies et des écosystèmes ruinés. Mais les Humains sont si bien conditionnés — dans l'histoire de Baxter, comme dans notre monde — à considérer que l'expansion — la croissance — est indispensable à la survie de l'espèce, notion qui prime tout, que toute réflexion éthique est vite calmée. De ce fait, les Fantômes, par nature non agressifs, semblent bien mal partis malgré leur science très avancée. Pourtant, en dépit de leurs actions objectivement peu reluisantes — mais c'est la guerre —, les personnages humains sont sympathiques dans leur abnégation et leur dévotion à leur devoir car on sent qu'ils sont autant victimes que leurs opposants d'une l'idéologie puissante qui balaie tout devant elle.

"Ghost wars" se passe quelques siècles plus tard, alors que la guerre se poursuit implacablement. La “ligne Orion”, qui prétendait barrer les Humains de toute approche de la zone galactique que les Fantômes d'argent considèrent comme la leur, est tombée et les Hommes se sont mis à installer des colonies au cœur du territoire ennemi. (Toute ressemblance avec des événements réels est strictement… voulue, je suppose.) Cette fois encore on suit un petit groupe de soldats à bord d'un vaisseau de guerre de la flotte Aleph, élite de l'armée. Ils sont venus protéger l'évacuation d'une colonie après que leur planète a été attaquée par une nouvelle arme des Fantômes. En fait, il n'y a pas qu'une nouvelle arme, mais aussi de nouvelles tactiques et même de nouvelles formes de l'espèce des Fantômes, sous la houlette d'un nouveau dirigeant, connu sous le nom de Fantôme noir. En fait, il apparaît que certains individus de l'espèce ennemie, sous la pression de forces évolutives darwiniennes, acquièrent des “qualités” guerrières auparavant apanage des Humains. Toute leur science, et elle est vraiment formidable, qui avait pour objet de transformer l'univers et de corriger ce que les Fantômes considéraient comme des défauts de conception, pourrait donc d'être utilisée à des fins moins nobles avec le risque d'aboutir à la destruction de la Galaxie. Mais, dans ce cas de figure, il ne restera plus rien pour les vainqueurs éventuels. Pour éviter cette fin inacceptable, une faction désire se débarrasser du nouveau chef et envoi un émissaire, un Intégumentaire (Integumentary), demander l'aide des Humains pour ce faire.

Au passage, Baxter décrit la haine viscérale que ressentent certains soldats, convaincus que l'ennemi a été la cause de la destruction de leur planète (ou dans ce cas d'un mode vie un peu nomade dans l'espace), alors qu'en fait l'origine véritable de la situation en question vient du comportement odieux de la Coalition et des visées expansionnistes de l'Humanité. Une critique très peu déguisée du comportement du monde occidental vis-à-vis de nombreuses cultures “autres” sur notre petite Terre. Et, comme souvent, la nature humaine n'en sort pas grandie.

Tout ça se passe entre les étoiles, lors de voyages supraluminiques (en passant par quelques dimensions supérieures) entre les bras galactiques, et Baxter arrive à dépeindre cette immensité de façon convaincante et, qui plus est, apparemment aussi conforme que possible dans ce contexte aux données actuelles de l'astronomie. Il décrit, par exemple, l'évolution d'un système binaire en quelques mots parfaitement suffisants pour que le lecteur le visualise comme s'il y était… ou est-ce simplement que j'ai l'habitude de ces contrées ? On rencontre aussi des êtres singulièrement étranges, des symbiotes qui se désagrègent et se reforment perpétuellement, dont les morceaux sont plus ou moins indépendants — on voit un “muscle” se détacher et remonter à la surface de l'être pour respirer un peu — mais suffisamment intégrés et coordonnés pour former un individu avec lequel les soldats peuvent communiquer. On suit la mission d'infiltration des quatre militaires jusque dans la forteresse du Fantôme noir, personnage décrit comme tout particulièrement arrogant avec une tendance à penser comme un Humain (ce qui n'est pas flatteur du tout de la part de Baxter) et on apprend au passage des choses peu reluisantes sur le passé de son espèce, qui expliquent en partie la traîtrise de la faction qui a envoyé l'Intégumentaire. Manifestement, les Fantômes ont une éthique assez incompréhensible pour les Humains, mais qui arrange bien ces derniers : ils préfèrent la disparition de leur espèce à la destruction de la Galaxie.

La deuxième Ère se termine avec "the Ghost pit", qui se passe deux mille ans après la première rencontre décrite dans "Silver Ghost". La victoire de l'Homme est complète et il ne persiste que quelques enclaves par-ci par-là où les Fantômes d'argent se terrent et où ils sont chassés pour leur “peau” qui prend de la valeur au fur et à mesure que leur nombre se réduit. Deux chasseurs se sont associés pour être les premiers dans un système où il y aurait encore du gibier. L'un, L'Eesh, est un vénérable ancien de soixante ans, arrogant et sûr de sa supériorité, l'autre, Raida, une jeune fille d'une vingtaine d'années. Sa mère, que L'Eesh a connue, exerçait la même profession, et elle lui a appris à tuer des Fantômes depuis son plus jeune âge. Même quand ils échouent sur une lune, leur vaisseau détruit, ils ne pensent qu'à leurs petites affaires, au risque d'y laisser leur peau. Une nouvelle courte et peu réjouissante, où une fois encore les œuvres de l'Homme sont décrites comme détestables. Je commence à être convaincue…

La troisième Ère, Assimilation, s'ouvre avec "Lakes of light", deux mille cinq cents ans plus tard. La troisième expansion se poursuit sans encombre. Toutes les ressources de toutes les conquêtes ne servent qu'à aller encore plus loin en direction du centre de la Galaxie, où il reste quand même l'ennemi final, les puissants Xeelees. En route, toutes les civilisations et espèces non humaines sont “assimilées” — il existe d'ailleurs une agence consacrée à cette fonction —, toutes les anciennes colonies humaines datant de périodes avant la troisième expansion sont réintégrées dans le bercail, où elles doivent se soumettre aux lois et à l'idéologie de la Coalition. Cette action est menée par des “missionnaires”, comme la jeune Pala qui vient d'être admise dans leurs rangs. Elle part, accompagnée uniquement par son mentor, Dano, projection virtuelle d'un implant dans son cerveau, pour accueillir au sein de la Coalition un reste de la deuxième expansion découverte dans des conditions inhabituelles. Ces Humains habitent à la surface d'une gigantesque sphère étanche qui entoure complètement une étoile à seulement mille kilomètres au-dessus de la photosphère. De petites zones où la sphère n'est pas totalement opaque laissent passer une minime partie de la lumière et de la chaleur sous-jacente, ce qui a permis l'installation depuis cinq mille ans de petites colonies d'agriculteurs qui vivent sous des dômes et utilisent les matériaux fournis par des comètes qui tombent obligeamment aux alentours. Pala et Dano se présentent donc au village où ils sont accueillis par des représentants des colons, Sool et Bicansa. Sool est un vieil homme, tout à fait humain, qui mène une vie pastorale en opposition totale avec les valeurs expansionnistes de la Coalition. Bicansa est la projection virtuelle de l'émissaire d'un autre village situé plus loin. Les colons craignent à juste titre de perdre leur mode de vie et Pala cherche, d'un côté, à comprendre la vraie nature de cette sphère bizarre et ce qui s'y passe vraiment, et d'un autre, comment conserver la chèvre et le chou, c'est-à-dire remplir sa mission tout en sauvegardant les colons pour lesquels elle ressent, de façon politiquement peu correcte, de la sympathie.

Bizarrement, cette nouvelle, qui a été reprise dans le Year's Best SF 11 de David G. Hartwell & Kathryn Cramer, n'est pas aussi noire que d'habitude. Pala comprend les colons et veut les aider ; Dano, censé être le garant de sa conduite, accepte de la soutenir devant la hiérarchie. Ça devait être un bon jour pour Baxter quand il l'a écrite.

Cinq cents années plus tard et nous voici, avec "Breeding ground", de nouveau en pleine bataille spatiale. Mari est artilleur sur un vaisseau de guerre particulier, un Spline, espèce de baleine géante issue à l'origine d'une planète aquatique mais maintenant adaptée à la navigation dans le vide intersidéral. La flotte est en train de détruire un immense et très ancien artefact extraterrestre qu'ils appellent le Flocon de neige (Snowflake), découvert sur le chemin de la conquête. Comme à leur habitude, l'idée est d'assimiler ce qui semble utile et de détruire tout le reste. Alors que l'affaire va bon train, un événement inattendu endommage une partie du Spline où se trouve Mari et, après une phase de panique initiale, il ne reste que six personnes de vivantes sur ce vaisseau, Mari, Jarn, un sous-lieutenant spécialisé dans les communications, le lieutenant Mace, Kapur, un civil, académicien spécialiste de l'artefact en question, et deux simples matelots, grassouillets et peureux, issus de la même “couvée”, frères et amants en même temps. Le groupe n'a d'autre solution que de se diriger vers le centre du Spline, à la recherche de provisions pour pouvoir survivre en attendant d'être secouru. Ils se rendent compte que celui-ci a pris le large et se déplace vers un endroit inconnu qui s'avère être sa planète natale. C'est un lieu où ils se retrouvent pour s'accoupler et pour se ressourcer et, dans le cas présent, panser leurs blessures. Le fait que ses coordonnés ne soient pas, jusqu'à présent, connus des Hommes est une des raisons qui font que les Splines gardent encore un semblant d'indépendance. Le trajet à travers les entrailles de la bête immense est l'occasion pour les personnages d'apprendre à se connaître, et pour Mari de se poser des questions et d'évoluer, de se distancer du conditionnement sévère qui lui a ôté une bonne partie de son humanité. Mais tous, malgré un début, pour quelques-uns, de prise de conscience de l'éthique discutable des objectifs de la Coalition, restent fidèles à la seule mission qu'ils connaissent : faire en sorte que l'Humanité contrôle toute la Galaxie, les Splines inclus, en éliminant tout sur son chemin. Ce qui signifie tout faire, coûte que coûte, pour que l'information sur la planète natale des Splines parvienne au reste de la flotte.

Encore une fois, Baxter nous montre les Humains sous un jour peu reluisant, réduit à n'être que des boulons dans une vaste entreprise d'expansion et de conquête. Mais, dans l'épreuve, des traces de ce qu'on appelle “humanité”, dans le bon sens du terme, remontent tout de même à la surface, du moins dans les rapports des Humains entre eux. Malheureusement, il n'y a pas la moindre lueur d'espoir pour ce qui n'est pas humain. Finalement, ça ressemble beaucoup à chez nous tout ça.

"The Dreaming mould" (littéralement, "la Moisissure qui rêve") se passe deux mille ans plus tard, sur une planète vouée à la destruction pour que les Hommes puissent récupérer ses matières premières, et ce malgré la présence de colons humains datant de l'époque des Qax, soit depuis plusieurs milliers d'années. La seule chose qui peut la sauver, c'est la découverte de vie indigène intelligente, et les colons prétendent que c'est bien le cas. Une navette est donc envoyée pour voir, avec à bord un très jeune pilote, un — ou plutôt une — commissaire, Xera, xénoculturaliste de son état, et Kard, militaire borné totalement caricatural. Xera a pour mission de vérifier les dires des colons. Mais la navette s'écrase du fait de la rébellion des Squeemes, une espèce d'extraterrestres de type aquatique qui gardent un lien télépathique entre eux, “assimilée” par les Humains à des fins de télécommunications. Le pilote est gravement blessé et les deux autres passagers doivent donc essayer d'atteindre une base militaire tout en cherchant à déterminer s'il y a ou non une vie indigène répondant aux critères nécessaires pour assurer la conservation de la planète. Près de leur lieu d'atterrissage, ils rencontrent un enfant, Tomm, qui connaît bien les êtres indigènes en question, en apparence de simples moisissures. Il a manifestement eu de nombreux contacts avec eux, contacts qui entraînent une expérience proche de celles provoquées par les plantes hallucinogènes, avec une sorte de conscience cosmique et une perte du sens de l'écoulement du temps. Tomm sait que ces êtres sont conscients, qu'ils ont été jadis capables de circuler entre les étoiles et qu'ils ont délibérément choisi leur condition actuelle, libérée des contraintes et en particulier de celle du temps. Xera a une attitude scientifique normale, elle garde l'esprit ouvert et cherche à comprendre, à apprendre, alors que Kard n'a de cesse que de quitter ce trou perdu pour retourner à des activités plus saines, comme détruire et conquérir…

Baxter enfonce le clou ici de façon un peu trop grossière à mon goût, à la limite du grotesque. Kard pense avec un romantisme qui lui est propre : « Y a-t-il spectacle plus beau que celui de la lumière d'un briseur d'étoiles qui brille à travers les décombres d'une planète ? ». Le briseur d'étoile (starbreaker) étant la technologie d'origine extraterrestre qui sert aux uns et aux autres, à travers toute l'histoire du futur de Baxter, pour tout démolir. Plus loin, il dit à Xera, en parlant de l'amas globulaire contenant un million d'étoiles où ils sont : « Il n'y a que quarante ans que nous sommes ici. Et nous les aurons toutes traitées, toutes ces jolies lumières dans le ciel, d'ici cinquante ou soixante ans. Qu'est ce que vous pensez de ça ? ». En sachant que "traitées" signifie essentiellement piller et détruire. D'ailleurs, à la fin, Luru Parz, dont les commentaires servent de fils reliant une nouvelle à l'autre, précise, si besoin était, qu'elle a plus de sympathie pour l'attitude de Xera que pour celle de Kard, mais c'est bien cette dernière qui va prévaloir, comme souvent lorsque de grandes forces entrent en jeu. La Galaxie sera nettoyée, et il ne restera plus qu'un seul et dernier adversaire, une seule guerre à terminer. Encore faut-il d'abord la commencer. On comprend évidemment qu'il s'agit des Xeelees…

Dans la dernière nouvelle de cette partie, "the Great game", on retrouve Xera et Kard, toujours en train de se disputer, deux siècles plus tard. Cette fois, à l'occasion d'une mission de sauvetage des colons sur une planète en proie à des mouvements géologiques cataclysmiques. Il s'agit en fait de trouver l'excuse qui va permettre de déclencher enfin, de façon politiquement acceptable, la guerre contre les Xeelee. Car ceux-ci, sous la forme de grands oiseaux noirs, les Nightfighters, sont sur place pour des raisons inconnues. Quelles que soient leurs motivations, le fait qu'ils soient là alors que tout explose sur la planète devrait suffire pour que les politiciens et les militaires s'accordent à les rendre responsables des dégâts. Cette guerre, tant attendue, sera l'occasion de resserrer les rangs parmi les Humains qui commencent à être un peu dissipés ici ou là, qui semblent tenter d'oublier la grandiose doctrine de Hama Druz et pourraient commencer à penser que l'expansion et l'assimilation, ça suffit comme ça, que peut-être on pourrait songer à se reposer un peu, et simplement vivre une vie humaine “normale”. Le discours que tient Kard en permanence n'est qu'une caricature d'idéologie puante, appelant la guerre de ses vœux afin de purifier la race en quelque sorte. Xera, qui pense peut-être autrement, n'a ni la volonté ni les moyens de le contrecarrer. Et finalement, tout le monde, même les colons qui étaient retournés à une vie pastorale, semble trouver un certain charme, un certain attrait — un peu pervers, certes — dans la perspective d'une guerre qu'ils voient comme forcément glorieuse.

Là, à un peu plus de la moitié du livre (page 283 sur 546), je commence à fatiguer un peu. Lire des nouvelles est bien plus difficile que lire un roman. Surtout quand c'est une infinie répétition d'actions abjectes de la part des Hommes, sans beaucoup de lueurs d'espoir d'amélioration. Finalement, c'est un peu comme regarder les actualités à la télé, ce que je ne fais pas depuis plus d'un quart de siècle, mais je me souviens très bien de ce que c'est… Malgré cela, l'ensemble reste grandiose et mérite le détour, d'autant que Baxter a le bon sens d'inclure quelques personnages attachants de temps en temps, pour ne pas dégoûter complètement le lecteur. Et la description de scènes cosmiques et/ou cataclysmiques reste extraordinaire, pleine d'explosions comme je les aime.

L'Ère suivante et quatrième, Resplendent, comporte trois nouvelles. La première, "the Chop line", se passe huit mille ans après le début de la guerre contre les Xeelee, qui continue bon train. Elle décrit le phénomène de voyage temporel qu'on a vu dans le roman Exultant, qui se produit du fait d'une anomalie lors d'un saut d'un point à un autre à une vitesse supraluminique. Avec le corollaire qu'on peut ramener des informations stratégiques de l'avenir, modifier les décisions militaires et changer le déroulement du conflit. Mais comme les deux côtés ont, sur ce plan, des capacités quasi identiques, la guerre a tendance à stagner, à s'enliser et finalement à se prolonger sans avantage marqué pour l'un ou l'autre.

Comme dans Exultant, il y a une bataille contre les Xeelees qui tourne mal, un officier qui ne suit pas les ordres et qui, au retour à la base, se trouve projeté dans le passé, son passé, où il (ici, plutôt elle) se retrouve elle-même, plus jeune. Comme dans Exultant, les deux versions du même personnage ressentent l'une pour l'autre des sentiments fort ambigus. Et, de même, leur action apparemment héroïque est considérée officiellement comme un grave manquement et aboutit à un procès et à une condamnation qui a comme conséquence que la version plus jeune ne deviendra jamais ce qu'a été la plus âgée, laquelle verra toute sa vie transformée en une simple possibilité qui n'a jamais eu lieu. La boucle est bouclée et on apprend que des événements qui se sont passés peuvent être annulés sans que l'univers ne s'en offusque outre mesure. Les paradoxes inévitables, les violations de la causalité ne représentent finalement que de petites imperfections dans la trame globale de l'espace-temps qui, dans son immensité, s'en accommode fort bien.

La deuxième nouvelle, "In the un-black", a une ambiance plutôt étrange, en particulier par son vocabulaire. Une planète de type géante gazeuse, en orbite autour d'un soleil qui a quitté le plan galactique, héberge dans son atmosphère un poste d'observation relié par un câble géant à un astéroïde qui contient les machines de surveillance, pour guetter l'arrivée éventuelle de Xeelees dans le coin. Le poste est un habitat creux dans lequel vivent des “drones”, Humains qui ne servent qu'à assurer une sorte de système de sécurité au cas où la machinerie serait mise hors service. Ils ont été isolés du reste de l'Humanité depuis cinq mille ans et leur mode vie ainsi que leur langage s'est écarté de la droite ligne du parti — d'où la syntaxe bizarre du texte qui lui confère une ambiance d'étrangeté originale. En particulier, ils se sont mal débrouillés et ont laissé la surpopulation s'installer, de sorte que les tueries sont non seulement acceptées mais quasi obligatoires. On rencontre deux drones qui se retrouvent dans une situation où, selon les règles, l'un devrait tuer l'autre mais, au lieu de faire leur devoir, ils tombent amoureux… Deux commissaires, un ancien et un plus jeune, apparemment plus ou moins un apprenti, arrivent pour la première visite des lieux depuis mille ans. Pour réduire de façon drastique le nombre excessif des habitants, ils vont arbitrairement en condamner un sur trois à une sorte d'épreuve, une lutte fratricide d'où un sur deux seulement, le plus fort en principe, sortira vivant. Évidemment, les amoureux se retrouvent en adversaires mais dévient encore une fois du droit chemin. La fille est emmenée par un drone renégat qui vit sur l'astéroïde, et le garçon, qui a tapé dans l'œil du jeune commissaire, se retrouve enfermé avec lui dans le poste. Les deux commissaires, qui portent en eux les Squeemes, vie aquatique extraterrestre déjà vue dans d'autres textes, et sont recouverts d'une peau protectrice en provenance des Fantômes d'argent, discutent longuement de la guerre en cours, de leur état actuel d'Humains modifiés, des diverses déviations de la Doctrine… de la vie, l'univers et le reste. C'est finalement une sorte de vignette d'un moment de l'histoire humaine future, un instantané sur la guerre qui semble perdre de plus en plus son sens premier et qui commence à n'avoir comme but que de se perpétuer éternellement, permettant ainsi à l'Humanité de maintenir sa cohésion, même si personne ne sait plus trop pourquoi ça serait désirable. Une scène qui relie cet épisode au reste de la saga est celle où la fille et le vieux renégat regardent le ciel noir autour de l'astéroïde ; ils discernent vaguement au loin des motifs lumineux qui doivent, selon le vieux, dater de la naissance de l'univers… Le commentaire qui suit la nouvelle nous fait comprendre que ce qu'ils ont vu, c'est la trace des formes de vie fabuleuses formées dans les premiers instants après le big bang. C'est manifestement ceux qu'on a déjà vus dans Exultant, et qui ont eu une importance toute particulière dans le déroulement des événements. Mais sans les explications finales, et sans avoir lu le roman, on peut très bien passer à côté.

La dernière nouvelle de cette partie, "Riding the rock", est encore un exercice dans l'atrocité, répétitif et implacable, et à la limite du supportable, impression que j'avais déjà eue en lisant le roman Origin, il y a déjà trois ans, dans une autre série de Baxter.(6) La Coalition a eu vent d'une sorte de religion qui semble avoir pris naissance sur le front, là où les soldats humains affrontent régulièrement les Xeelees, concentrés près du centre de la Galaxie. La tactique est de lancer d'innombrables astéroïdes contre les “morceaux de sucre” de la taille d'une planète qui semblent être les vaisseaux mères des Xeelees. Les Humains disposent d'une arme qui a une certaine efficacité contre les Xeelees mais il faut s'approcher très près de la cible pour pouvoir s'en servir. Pour ce faire, les astéroïdes sont peuplés de soldats, la plupart très jeunes, qui passent leur temps avant les engagements à creuser des tranchées dans l'espoir d'avoir une minime protection lors des combats. C'est effectivement une “guerre des tranchées” qui se déroule lors des attaques, dans le style de la guerre de 14-18 en pire, compte tenu du nombre inimaginable de soldats sacrifiés lors des assauts répétés où des vagues successives d'enfants-soldats déferlent en grimpant littéralement sur les corps de leurs camarades qui viennent de tomber quelques instants plus tôt. L'histoire est racontée du point de vue d'un jeune homme, Luca, qui fait ses études pour devenir commissaire de la Terre, poste important et plein d'avenir. Il accompagne un aîné pour enquêter sur cette religion qui n'est pas politiquement acceptable dans le cadre strict de la Doctrine qui garantit depuis des millénaires la cohésion de l'Humanité face aux Xeelees. C'est de nouveau une explication détaillée du pourquoi et du comment de cette Doctrine, qui place la survie de l'espèce au-dessus de toute autre considération de quelque nature que ce soit. En effet, à quoi servirait la compassion, la guerre “propre”, si elle aboutit à la disparition de l'Homme. Car les Xeelees, avec lesquels il n'y a jamais eu la moindre communication, ne se manifestent que lorsque les Humains, qu'ils traitent comme une simple vermine, les dérangent. La seule riposte envisageable est de se comporter en vermine, et de les attaquer, non pas à armes égales — ce qui n'est pas possible — mais comme des rats qui vont les affaiblir uniquement grâce au nombre et à la ténacité des attaquants, au mépris total des pertes compensées par une reproduction effrénée. La fin de la nouvelle nous apprend que les événements qui suivent sont ceux décrits dans le roman Exultant, et on sait que leur aboutissement est le départ des Xeelees de la Galaxie. Ils ne sont pas conquis, ce n'est pas une vraie défaite, mais seulement un départ stratégique pour éviter une catastrophe cosmique encore plus terrible. En attendant, la Galaxie sera entièrement abandonnée aux Humains, qui devront trouver quoi en faire. L'éducation du novice Luca est dure et il y laisse presque sa peau. On se demande d'ailleurs comment il arrive à être le seul survivant de la confrontation, alors qu'il se trouvait très proche d'un Nightfighter xeelee qui détruisait tout sur son passage. C'est encore un exemple de situation un peu trop artificielle — et facile — qu'affectionne Baxter pour faire avancer son intrigue dans le sens voulu, au mépris de la vraisemblance même romanesque. Il y a certes de la réflexion sur l'éthique de tout ça, mais à la fin, il m'a été impossible de déterminer la position effective de Baxter, à supposer qu'il soit légitime de vouloir la trouver dans sa fiction. Quelque part, j'ai l'impression qu'il se complaît à présenter le comportement totalement abominable des Humains comme étant quasi inévitable. On n'échappe pas à ce que la fin justifie les moyens. Pour moi, ça reste finalement très ambigu et, peut-être, est-ce justement ça qui est voulu par l'auteur. Encore une fois, comme "the Chop line", cette nouvelle semble être un premier jet pour un épisode très semblable dans le roman Exultant.

La cinquième Ère, the Shadow of Empire, débute avec la novella "Mayflower II" que j'avais déjà lue dans l'édition en volume paru chez PS Publishing en 2004. C'est une excellente nouvelle sur tous les plans et la noirceur et la violence habituelle de Baxter sont même quelque peu atténuées ici. L'histoire commence très tôt dans la séquence, tout de suite après la déroute des Qax et la prise de pouvoir de la Coalition. Sur Port Sol, un minuscule planétoïde aux confins du Système solaire, vivent cinquante mille personnes, gouvernées par cinq “pharaons” qui ont bénéficié de la technologie des Qax pour devenir amortels, en fait un ralentissement très important du vieillissement sans qu'on sache vraiment sa limite. Comme les pharaons avaient collaboré avec les Qax pendant l'occupation, la Coalition va bientôt arriver pour tout détruire sans autre forme de procès. Les pharaons organisent donc le départ de cinq vaisseaux, construits à la hâte, arches stellaires qui vont partir vers d'autres étoiles, avec à bord quelques centaines de personnes sélectionnées pour l'utilité de leurs connaissances et de leurs capacités ainsi que pour la bonne qualité de leur patrimoine génétique. Car le voyage va durer plusieurs générations et il faut mettre toutes les chances de leur côté. Une des arches, le Mayflower II, a comme destination, non pas une étoile à quelques centaines d'années-lumière de distance comme les quatre autres, mais un lieu a vingt-quatre mille années-lumière, en dehors de la partie principale de la galaxie mère elle-même. Il faudra donc cinquante mille ans pour y parvenir. Rusel, le protagoniste qu'on suit pendant toute l'histoire, pensait en fait devoir rester sur Port Sol et y mourir avec sa bien-aimée Lora lors de l'attaque de la Coalition. Contre toute attente, il se trouve quand même nommé à bord d'un des vaisseaux. Sa vie est sauve, mais il doit abandonner Lora. De plus, le départ se fait de façon plus précipitée que prévu et pour arriver à l'heure dite et ne pas être laissé sur place il doit user de violence. Ces deux éléments vont le hanter toute sa très longue vie. Car une fois le voyage entamé, il subira, avec une poignée d'autres, le traitement de longévité. L'essentiel de la nouvelle consiste à suivre l'évolution — ou plutôt la dévolution — progressive des êtres humains isolés à bord du Mayflower II. C'est totalement fascinant, et hélas assez vraisemblable, dans le contexte. La vision très pessimiste de Baxter à propos de la nature humaine joue à plein. Bien sûr, les Humains “éphémères” vont rapidement oublier le pourquoi et le comment du voyage, ils vont transformer les obligations de maintenance de la machinerie en rites quasi automatiques dont la signification est perdue. Mais l'Homme reste fidèle à lui-même : il y aura des despotes, des révolutions, quelques atrocités (mais nettement moins que dans d'autres textes de l'auteur). Et aussi des transformations diverses du fait de la sélection naturelle accélérée dans cet univers clos. Rusel vit tout ça de façon de plus en plus détachée de sa condition d'Homme ; il est de plus en plus intégré au vaisseau lui-même, mais garde toujours, et sans défaillance, à l'esprit l'objectif final, qui est d'atteindre Canis Major, après cinquante mille ans. Arrive un moment où on se demande à quoi ça servira si la cargaison est réduite à un état quasi décérébré, bien incapable de coloniser même la planète la plus accueillante. Heureusement, la question ne se posera pas car, après vingt-cinq mille ans, la technologie des Hommes restés dans la galaxie mère a évolué et leurs vaisseaux voyagent maintenant plus vite que la lumière. Ils ont donc pu rattraper le Mayflower II qui n'a, dans ce temps, parcouru que treize mille années-lumière, soit la moitié de son chemin.

Je n'ai trouvé que deux défauts à cette excellente nouvelle. À un moment, alors que tous les contemporains de Rusel sont morts, même ceux qui avaient subi le traitement prolongateur de vie, il fait tourner une sorte d'enregistrement très performant, un Virtuel, qui se comporte quasiment comme un être conscient. C'est quelque chose qu'on voit souvent en SF, et qu'on retrouve dans nombre des histoires de cette série, et le concept ne me dérange pas. Mais ici, j'ai trouvé que ce n'était qu'une commodité pour la narration, pour qu'il soit possible d'avoir des conversations, donc des dialogues qui allègent le texte, et non un élément bien intégré au monde en question.

L'autre défaut, c'est l'idée que toute l'évolution du vivant, donc celle des Humains, n'est que la résultante d'une sorte de “volonté” de survie, coûte que coûte, des gènes. Je veux bien que quelque part ce soit peut-être vrai, mais là c'est présenté de façon un peu trop anthropomorphe, comme si les gènes “pensaient”, “agissaient” à la manière d'êtres conscients. Ce n'est jamais dit explicitement, mais le concept est souvent répété d'une façon que je trouve un peu primaire. Dans la même veine, si les transformations majeures de civilisation, de mode de vie et de langage, peuvent largement se produire, et même à plusieurs reprises, dans le temps indiqué, les modifications physiques, certaines profondes (taille, forme du crâne, démarche), me semblent un peu trop rapides pour être crédibles. Mais bon, Baxter a sans doute soigneusement étudié le sujet car il a écrit nombre de romans sur l'évolution et sur la préhistoire, et même s'il exagère un peu, la licence poétique est tout à fait permise en SF, fût-elle hard. Disons que les coutures se voient parfois un peu trop. Reste que j'ai relu ce texte avec plaisir. Et ce d'autant plus que je vois maintenant comment il s'insère dans la chronologie générale de l'histoire du futur en question et que ça lui apporte une épaisseur supplémentaire indéniable.

La cinquième Ère ne comporte que deux longues nouvelles, la seconde étant "Between worlds", qui se passe cinq mille ans après "Mayflower II". La Coalition est tombée, ses restes se retrouvent dans une zone limitée aux environs du Système solaire avec la Terre comme centre. Les vestiges de sa gloire passée persistent ; c'est l'Idéocracie. Dans la zone centrale de la Galaxie, là où la guerre contre les Xeelees s'était éternisée, puis avait été gagnée, on trouve le Kardish Emporium, puissance nommée en souvenir de l'amiral Kard, vu ci-dessus dans une nouvelle de l'Ère de l'assimilation, à l'époque où le but était de déclencher ladite guerre. Entre les deux grandes puissances, il y a des myriades de petits états qui vivent leur vie de façon plus ou moins indépendante. Et partout, on trouve les héritiers multiples d'une religion qu'on a aperçue à plusieurs reprises à travers les trois romans de la série, les amis de Wigner. Cette foi a essaimé à travers toute la Galaxie et a subi de nombreux schismes, mais reste apparemment le dernier ciment entre les Hommes. L'histoire commence avec Mara et la bombe qu'elle a réussi à introduire sur le vaisseau Ask Politely censé la transporter, avec d'autres réfugiés, jusqu'à la Terre. Elle vivait sur Greyworld, une petite planète en orbite autour d'un trou noir périphérique, très près de Chandra, le gros trou noir central. C'est une enclave idéocrate en territoire kardien, que l'Emporium a évacuée de force, la population étant amenée à la base 478 tenue par l'Ecclesia, une branche des Wigneriens. Mara n'est pas contente d'avoir été arrachée à son monde, et surtout de ne pas avoir pu dire au revoir à sa fille restée sur place. Elle prend donc, grâce à sa bombe, le vaisseau et ses passagers en otage et exige d'être reconduite chez elle, auprès de sa fille. Mais son monde est voué à la destruction à court terme et, de plus, les documents officiels ne contiennent aucune trace de sa supposée fille. Pour essayer de sortir de l'impasse, on amène à bord un jeune acolyte, sorte de prêtre novice nommé Futurity's Dream. Mara fait savoir qu'elle désire causer à Michael Poole… oui, celui dont on parle depuis plus de vingt mille ans. Celui qui est maintenant vénéré plus ou moins comme un messie par les Wigneriens. Il s'avère que, bien que mort depuis longtemps, il a pu être en quelque sorte recréé sous la forme d'un Virtuel conscient qui contient tout ce qu'on sait de lui, et ce qu'on ne sait pas a été extrapolé voire inventé. Il arrive donc, et la nouvelle raconte essentiellement le voyage de Mara, Poole, Futurity's Dream et le capitaine Tahget jusqu'au centre de la Galaxie. Les discussions entre les protagonistes nous éclairent sur les événements politiques des derniers millénaires, et nous montrent la version virtuelle de Poole qui apprend et qui analyse la situation qui l'entoure ainsi que la sienne propre avec une certaine verve candide, peu respectueuse des règles qu'on cherche à lui imposer.

Ce texte, riche en spéculations comme d'habitude, avec, entre autres, une réflexion sur le rôle de la religion dans le maintien des bases de la civilisation à travers les âges, sur l'évolution divergente de l'espèce humaine quand on ne la maintient pas dans une stase forcée, m'a quand même paru, au niveau de l'intrigue, un peu tiré par les cheveux. La brave dame avec la bombe qu'on n'arrive à aucun moment à circonvenir, le capitaine qui donne sa parole… et qui la tient, le Poole virtuel qui agit parfois un peu en guignol, le capitaine qui n'est là que pour meubler, tout ça est très artificiel, tout en restant éminemment lisible et tout à fait distrayant. À la fin, notre amie Luru Parz, fidèle au poste, nous brosse, en deux pages et demie, le tableau de l'histoire de l'Humanité sur un million d'années, c'est-à-dire sur la période qui comprend les événements du roman Transcendent ainsi que plusieurs autres de la série Xeelee, et loin au-delà. Des épisodes qui auraient pu donner lieu à plusieurs romans sont condensés en deux ou trois paragraphes, voire moins. Cela donne l'impression de regarder un film en accéléré, en très très accéléré. Une sorte de montagne russe dont on émerge à la fin avec un certain vertige.

La dernière nouvelle, "the Siege of Earth", est la seule inédite du recueil, et aussi la seule de la sixième Ère, the Fall of Mankind. Cela se passe en l'an 1 000 000 — oui, un million ; Baxter n'hésite pas —, soit après les événements catastrophiques décrits en épilogue à la nouvelle précédente. Les Hommes ont conquis la galaxie mère, ont ensuite essaimé vers d'autres galaxies et ont finalement été refoulés de partout par les Xeelees qui, pourtant, ne sont pas présentés comme foncièrement méchants, mais seulement irrités par cette vermine humaine qui l'embête depuis des millénaires. Bref, voilà l'Humanité de nouveau limitée au système solaire d'origine qui, entre-temps, a pris un coup de vieux. En effet, des êtres composés de matière sombre, les photinos birds, sont en train de faire vieillir prématurément de nombreuses étoiles, dont Sol, ce qui se manifeste concrètement par son expansion en une géante rouge, ce qui serait arrivé de toute façon mais bien plus tard. De sorte que Mercure et Vénus ont déjà été englouties, la Terre est en danger et Mars est presque habitable, du moins sur une étroite bande entre la face froide et la face chaude. Symat a quatorze ans et ne veut pas passer dans les “cabines” qui sont apparues un peu partout et qui permettent d'aller vers un “univers de poche” où les problèmes cosmiques qui vont aboutir rapidement à l'extinction de l'espèce humaine n'existent pas. Il est persuadé que ce passage est équivalent à la mort, car personne n'est jamais revenu pour raconter comment c'était de l'autre côté. Il fait donc une fugue et rencontre à cette occasion un groupe d'enfants, des Virtuels, encore eux, abandonnés par leurs parents qui sont partis dans l'autre univers. Il se lie avec Mela, qui s'avère être l'instrument du Conclave, un ensemble vague d'intelligences artificielles plus ou moins omniprésentes qui se manifestent à travers elle. De retour auprès de ses parents, ceux-ci acceptent d'accueillir Mela mais cherchent toujours à convaincre Symat de partir avec eux. Mela annonce qu'il y a une autre solution et, en parlant au nom du Conclave, fait savoir qu'il y a quelqu'un qui désire rencontrer Symat. Pour cela, cependant, il faut quitter Mars pour une destination lointaine. Le lieu, c'est évidemment Port Sol où se trouvent les quelques centaines d'amortels qui restent, maintenant appelés les Ascendants, et c'est bien sûr la plus vieille, celle qui porte le numéro un, notre commentatrice depuis le début, Luru Parz, qui veut voir Symat. On apprend que c'est elle qui a manipulé les mariages depuis des générations pour que soit produit enfin un enfant aussi semblable aux Humains d'origine que possible. Et cela afin qu'il soit reconnu et obéi par un vaste système de protection ultime de la planète Terre, les Gardiens, mis en place autour de Saturne par les Ascendants à travers des millénaires. La Terre elle-même a été déplacée de son orbite — un travail qui a duré des millénaires aussi — pour arriver dans les environs de Saturne. Tout ça pour réaliser une action finale épique qui devrait, en quelque sorte, sauver la Terre et ses habitants de la destruction, que ce soit par les Xeelees ou par l'explosion du Soleil, mais en la transformant en quelque chose d'autre, un artefact pas tout à fait comme un trou noir mais presque, avec deux corollaires. L'un que, pour l'univers normal, la Terre sera morte, comme le sera Symat d'ailleurs, et l'autre que, dans l'endroit où elle va se retrouver, il n'y aura aucune issue. L'Humanité s'échappe en s'emprisonnant. Heureusement, une petite manip de dernière minute permet à Mela de s'arranger pour que Symat soit transformé en Virtuel et puisse rester avec elle. Il ne reste que Luru Parz, qui repense au moment où, dans la première nouvelle, elle accepte d'avaler la pilule qui lui aura permis de vivre tout ce temps et de faire ce qu'elle a fait.

Cette nouvelle a un côté “texte pour la jeunesse” du fait de tous ces jeunes protagonistes à des postes clés, dont un, même pas très dégourdi, qui va plus ou moins sauver le monde. Mais elle serait à mon sens tout à fait incompréhensible pour quelqu'un qui n'a pas lu une bonne partie des autres textes auparavant. En elle-même, elle est plutôt lourdingue avec une succession d'événements pas très détaillés — et pas toujours très clairs d'ailleurs —, les personnages n'ont pas trop le temps d'être bien développés tellement il y a d'actions planétaires et cosmiques à mettre en place. L'objectif de l'auteur semble être d'arriver au bout, de présenter une forme de conclusion, mais elle est loin de tout expliquer.

Globalement, j'ai eu l'impression, en lisant Transcendent et cette dernière nouvelle, les deux textes les plus récents (dans l'ordre d'écriture, ou du moins de parution) dans la séquence Xeelee, que Baxter en avait marre et cherchait à la terminer une fois pour toutes. La chronologie à la fin du volume rappelle quand même que tout n'est pas fini à la fin du recueil car, après les événements de l'an un million, il se passe encore des choses en l'an cinq millions. Heureusement pour l'auteur, il les a racontés depuis longtemps. C'est le roman Ring, publié en 1994.

Malgré l'écriture à la va-vite, les lourdeurs, les escamotages et les quelques tours de passe-passe charabiaesques pour les besoins de la cause, le tout est, comme on dit, plus grand que l'ensemble de ses parties. C'est quand même une vision spéculative extraordinaire sur le devenir de l'Humanité, certes terriblement violente et en grande partie malfaisante, mais grandiose néanmoins. Et c'est, pour le lecteur qui apprécie ce type de textes, un périple indéniablement prenant et distrayant.


  1. Après les romans Coalescent, Exultant & Transcendent.
  2. Respectivement traduits sous les titres Singularité, Gravité, Flux et Accrétion.
  3. Lisible en ligne dans sa version française enrichie et actualisée au fil des traductions par Emmanuel Tollé & Olivier Girard.
  4. Pour rendre mon texte plus lisible, il m'arrive de traduire ici des termes sans toujours savoir si, pour les parutions en français, cela correspond à la formulation choisie par le traducteur. Il se peut donc qu'il y ait des différences, sans que cela signifie aucunement que j'estime que le traducteur a fait un mauvais choix. Simplement, je n'ai pas envie de feuilleter trois gros pavés uniquement pour assurer la cohérence de quelques mots.
  5. "Poussière" & "les Tapis de Wang" dans le recueil Océanique.
  6. Manifold, qui comprend aussi Time, Space et le recueil Phase space.

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