Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Charles Stross : Singularity sky (Eschaton – 1)

roman de Science-Fiction, 2003

traduction française en 2005 : Crépuscule d'acier

Ellen Herzfeld, billet du 4 janvier 2008

par ailleurs :

Si jamais la “singularité” au sens que lui donne Vernor Vinge se produisait vraiment, quelles en seraient les conséquences ? Certains imaginent la disparition pure et simple de l'humanité, d'autres penchent plutôt pour son élévation vers un état transhumain. Stross explore le sujet à sa manière au travers d'un roman complexe et flamboyant qui mélange la satire politique, une vision déjantée de l'avenir, le space opera… et même une histoire d'amour.

On apprend qu'au cours du xxie siècle, il s'est passé quelque chose… l'apparition de l'Eschaton, une intelligence suprahumaine, originaire d'un avenir lointain et qui se dit notre descendant. Il est venu pour interdire toute violation de la causalité (ce qui se passe en pratique si lors d'un voyage vers le passé on modifie un événement qui s'est déjà produit) pour sauvegarder l'intégrité de l'univers et sa propre existence. Manifestement, la règle ne s'applique pas à lui-même car il a bien fallu qu'il l'enfreigne pour venir se mêler des affaires des humains de base. Mais passons. Pendant qu'il y est, il déplace les neuf dixièmes de la population de la Terre vers des planètes lointaines où ils doivent s'installer et se débrouiller. L'histoire se passe quelques milliers d'années dans l'avenir alors que les habitants de la Terre voyagent parmi les étoiles et ont renoué avec plus ou moins de bonheur avec les descendants des émigrés involontaires.

Une de ces sociétés s'appelle la Nouvelle République et a instauré un régime totalitaire apparemment inspiré de la Russie tsariste qui interdit toute technologie avancée (sauf pour raisons militaires). La population est maintenue à un niveau de vie genre fin du xixe. Ils ont néanmoins quelques colonies sur d'autres planètes, et l'une d'entre elles, Rochard's World, reçoit la visite d'étranges voyageurs, le Festival. Il s'agit d'une civilisation dont les habitants traversent les espaces intersidéraux sous une forme désincarnée, leur substance conservée sous forme d'information sur des supports pouvant voyager loin et longtemps sans inconvénient, et qui ne reprennent “vie” que lorsqu'ils ont trouvé un lieu qui les intéresse. Ils ne veulent qu'une chose : de l'information nouvelle, des histoires, de l'art, n'importe quoi d'original qui peut les distraire. Cette arrivée, pourtant paisible, entraîne un bouleversement absolu à tous les niveaux de la colonie car, en échange d'une bribe qui les amuse, ils exaucent tous les vœux des habitants. Le choc culturel est majeur. Sur la planète impériale, bien qu'on ne sache pas trop ce qui se passe, on considère qu'il s'agit de toute évidence d'une attaque en règle et tout se met en branle pour reconquérir les lieux. L'ennui, c'est que, d'une part, les militaires n'ont pas la moindre idée de la nature du Festival et de ses capacités, et d'autre part, le plan de bataille qu'ils ont concocté risque de produire une violation de la causalité, ce que l'Eschaton a expressément interdit sous menace de représailles plus que sévères.

En fait, l'histoire est compliquée, confuse même, surtout au début et j'ai mis bien cent pages (sur trois cents) à commencer à comprendre ce qui se passait. Les deux principaux protagonistes, Rachel Mansour et Martin Springfield, sont à peu près clairs tout au long, mais de nombreux autres personnages au nom à consonance russe ou allemande sont restés longtemps — pour certains jusqu'à la fin — complètement brouillés dans mon esprit. J'ai dû plusieurs fois retourner en arrière pour saisir qui était qui.

Malgré cela, une fois entrée dans l'histoire — car il y en a une, avec des intrigues, des bagarres, des personnes qui ne sont pas ce qu'elles paraissent… —, j'ai suivi les aventures de Rachel et Martin avec plaisir. Il faut dire que l'inventivité de Stross est superlative et que certaines scènes sont stupéfiantes. Sans parler de son humour.

En conclusion, un livre avec des imperfections certaines — pardonnables, car il s'agit en fait d'un premier roman, mais dont les qualités sont suffisantes pour que, sans attendre, j'entreprenne la suite, dans Iron sunrise.

P.S. : Je compatis d'avance avec le traducteur, si un jour il y en a un.(1)


  1. Francis me signale dans le commentaire ci-dessous que ce livre est en fait traduit ! Si j'avais vérifié dans exliibris, je l'aurai su : Crépuscule d'acier. Je compatis donc avec Xavier Spinat a posteriori.

Commentaires

  1. Francisvendredi 11 janvier 2008, 21:38

    Crépuscule d'acier sur Amazon… Le malheureux traducteur s'appelle Xavier Spinat.

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