Carnet d'Ellen Herzfeld, catégorie Lectures

Kage Baker : Sky Coyote

roman de Science-Fiction, 1999

traduction française en 2002 : Coyote Céleste

Ellen Herzfeld, billet du 25 juillet 2007

par ailleurs :
[ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ]

Après la première aventure de Mendoza qui se passe en l'Angleterre vers 1550 (voir In the garden of Iden pour comprendre de quoi il s'agit), on se retrouve quelque part dans le Nouveau Monde en 1699, où les cyborgs immortels se préparent à fêter, de manière grandiose, le passage à l'année 1700. Cette fois, c'est Joseph qui raconte l'histoire dans Sky Coyote. On découvre donc, par bribes, d'où il vient, comment il a été recruté par la Compagnie et un peu de ce qu'il y fait depuis plusieurs milliers d'années… Le début du roman se passe dans une sorte de station de villégiature cachée dans la jungle où les immortels se reposent, travaillent et mettent au point leurs diverses missions. On apprend comment ils vivent, comment ils s'amusent, et aussi un certain nombre de choses — plus ou moins mystérieuses — sur la Compagnie elle-même. La “mission”, cette fois, va se dérouler dans ce qui deviendra la Californie, peu de temps avant l'arrivée de l'homme blanc et son cortège de catastrophes. Il s'agit de déplacer un village entier d'Indiens Chumash, avec leur accord et leur coopération et sans les traumatiser. Ce pour sauver ce qui peut l'être de leur vie, de leur environnement et de leur culture. Mendoza fait partie du groupe mais restera toujours plus ou moins en retrait. En fait, sa présence et son comportement ne peuvent avoir de sens que si on a d'abord lu le premier volume. Les personnages principaux sont les Indiens. Joseph va devoir être grimé (avec des prothèses élaborées) pour pouvoir passer pour Sky Coyote, un des dieux, futé, menteur mais pas méchant, de leur mythologie. Mais les Chumash sont loin d'être des sauvages primitifs. Ils ont des syndicats, un système économique évolué avec une monnaie et une vision fort rationnelle du monde. Il n'est donc pas aisé de leur faire prendre des vessies pour des lanternes. Baker réussit à présenter ses Indiens de la (future) Californie précolombienne de façon originale et sans les stéréotypes habituels.

Comme il s'agit d'une mission de grande envergure, les immortels impliqués sont nombreux mais il y a aussi des gens — mortels, eux — venus du xxive siècle pour, en principe, superviser l'affaire. Ils sont, curieusement, apparemment complètement infantiles et ignorants de beaucoup de choses ; de plus, ils sont végétariens, totalement non violents, et ne tolèrent pas que les autres (cyborgs ou indigènes) ne se comportent pas comme eux. Ce qui est fort irréaliste et à l'origine d'un certain nombre de conflits et de situations cocasses.

Ce deuxième volume est plus léger que le premier mais tout aussi plein d'humour et de tendresse. Et, comme dans le premier, les immortels, plus ou moins blasés par leur longue vie et leurs innombrables expériences à travers l'histoire, portent un regard bien cynique et très pertinent sur le monde. Une lecture fort agréable qui m'a fait aussitôt entreprendre le troisième épisode : Mendoza in Hollywood.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.