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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 2 Lettres de l'Atlantide

Keep Watching the Skies! nº 2, novembre 1992

Robert Silverberg : Lettres de l'Atlantide

(Letters from Atlantis)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

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Ce bien mince roman est la traduction d'un ouvrage paru à l'origine chez Byron Preiss — vous savez, le spécialiste des éditions illustrées qui permettent de faire un livre entier, et un peu cher, avec une simple novella. L'argument en est linéaire : la science du xxie siècle permet d'envoyer dans le passé des explorateurs, mais uniquement sous forme mentale, comme des fantômes dans l'esprit de personnages habitant des époques reculées. Il leur est bien entendu strictement interdit de communiquer avec les personnes qu'ils “possèdent”, pour ne pas risquer de modifier le cours de l'Histoire.

Notre héros se retrouve vingt mille ans en arrière, passager clandestin dans l'esprit du prince héritier d'Atlantis, un royaume insulaire bel et bien situé dans l'Atlantique, et plus fantastique encore que ne le décrivait Platon. Progressivement il va percer certains des mystères du continent oublié, et les coucher dans une correspondance destinée à sa fiancée, elle aussi exploratrice dans la même époque et locatrice d'un autre haut personnage. Risqué pour la discrétion de leur mission ? Les interdits sont faits pour être transgressés…

Hélas, au-delà de quelques révélations d'un sensationnel un peu épuisé sur la vraie nature d'Atlantis, le récit est d'une affligeante linéarité. Pas de rapports entre le prince héritier possédé et les autres personnages de la Cour ou du peuple, pas d'exploration du schématique système politique atlante, pas même dans l'évocation de ses réponses un fantôme de la personne à qui les lettres sont adressées.

La forme épistolaire semble à première vue gratuite — Silverberg ne fera pas concurrence aux Lettres persanes ! À ce choix de la forme épistolaire, je vois sinon une justification, du moins des conséquences : un certain délayage de l'écriture dans un solipsisme morose. Il est vrai que Silverberg a beaucoup pratiqué les tempêtes sous un crâne. Grâce à sa compétence, à sa fluidité d'écriture supra-asimovienne, Silverberg reste toujours agréablement lisible. Dans les années 50, il produisait des textes à la demande en quelques jours. Cet opuscule nous renvoie à cette époque, sinon pour le texte lui-même, du moins pour son intention commerciale et son manque de profondeur.