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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 12 la Mort en billes

Keep Watching the Skies! nº 12, mai 1995

Gilles Thomas [Julia Verlanger] : la Mort en billes

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Jean-Louis Trudel

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En quelque sorte, cela pourrait être la suite du roman de P. -J. Hérault dont je parlais dans KWS 11. Ici aussi, la France et le monde ont été dévastés par un mal biologique, mais il s'agit désormais de guerres bactériologiques, ce qui est tout de même un peu plus crédible.

La déchéance de la civilisation est plus avancée que dans le livre de Hérault. Les stocks de vivres et de munitions sont depuis longtemps épuisés, alors les survivants sont revenus à une économie de type agraire et au combat à l'arme blanche.

Nos héros sont de la même graine que le Kevin de P. -J. Hérault. Gérald et Thomas (qui est eurasien --- je vais commencer à croire que Julia Verlanger aimait beaucoup les seconds rôles ethniques, car on se rappellera le copain noir dans les Hommes marqués…) sont deux solitaires, c'est-à-dire des errants qui ont la dégaine (des couteaux) rapide, les poings comme des marteaux et les muscles d'acier, mais qui sont du bon côté tout de même.

Après les avoir endurés un peu trop longtemps à Porquerolles, havre (relatif) de paix et de civilisation, le dirigeant de la communauté leur confie comme mission de mettre à l'épreuve un remède contre la peste bleue qui a détruit la civilisation. Pour cela, ils devront quitter l'île, et c'est ainsi que les aventures commencent.

Inutile de dire qu'on ne s'ennuie pas avec le joyeux duo de Gérald et Thomas. Dès leurs premiers pas sur les autoroutes de la France redevenue sauvage, ils adopteront une fillette dont la mère a été tuée par une forme de vie gélatineuse qui ronge les chairs et qui a l'aspect d'un amas de billes, d'où le titre du roman. Quelques pages plus loin, ils se font piquer le précieux remède, comme des bleus, et ils le retrouveront grâce un peu à un coup de chance.

Après avoir défait une bande de cannibales, ils se font contacter par les Suisses qui ont réussi a préserver un semblant de civilisation dans la partie romande du pays. Nouvelle capitale : Lausanne. Les Suisses se chargent de mettre le remède a l'épreuve, car ils n'ont pas encore résolu le problème de la peste bleue. Entièrement satisfaits, ils concluent un pacte d'entraide avec nos deux solitaires. Repartis de la Suisse en hélicoptère pour rejoindre la communauté où ils ont envoyé leur pupille, Thomas et Gérald connaissent des ennuis en chemin, mais finissent par arriver au but et découvrent un village pratiquement assiégé par ces parasites en forme de billes, qui semblent increvables. Ce sera donc l'exode, de la Loire à la Méditerranée, pourchassés par ces créatures implacables qui résistent aux couteaux et aux balles.

Arrivés à Porquerolles, les fuyards découvrent que “la mort en billes” ne craint pas l'eau. Dès lors, ils craignent le pire…

Vais-je révéler quel ingénieux moyen nos héros vont trouver à la dernière page du livre pour se débarrasser de ces créatures quasiment indestructibles ? Ce ne serait pas gentil… Voyons, les protagonistes ont essayé les armes contondantes, les projectiles à haute vélocité et l'eau. Ils vivent dans un monde où l'arme à feu représente une technologie hautement sophistiquée. Que leur reste-t-il donc ? Vous brûlez, je crois… Cette révélation finale est non seulement d'une banalité insupportable, mais elle se laisse pressentir longtemps avant la dernière page.

Je conclurai donc en disant que c'est un autre roman entièrement dénué d'originalité. Les scénarios post-catastrophiques, on en a vus des tonnes, même en francais, depuis le Malevil de Merle — pour ne pas remonter jusqu'à Quinzinzinzili de Regis Messac ! Le seul élément un peu novateur, c'est cette “mort en billes” et, comme ses mécanismes ne sont jamais explicités, c'est de l'invention visuelle au premier degré.

Du côté du style, je me contenterai de noter que la longueur moyenne des phrases ne doit pas dépasser dix mots (ou pas de beaucoup). Du côté des personnages, c'est encore plus désolant. Dans le roman de P. -J. Hérault, Kevin avait tout de même quelques états d'âme. Ici, les héros sont nés après la fin de la civilisation et ce sont tout simplement de gentilles brutes. Il n'y a rien à approfondir, surtout que l'action est entièrement centrée sur le héros.

Donc, uniquement pour les amateurs d'action qui ne sont pas dégoûtés. (Mais, enfin, je trouve que c'est plutôt encourageant. Si, si. Après, on ne pourra plus dire que la SF française ne progresse pas…)