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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 13-14 Rouge flamenco

Keep Watching the Skies! nº 13-14, juillet-août 1995

Jeanne Faivre d'Arcier : Rouge flamenco

roman fantastique ~ chroniqué par Micky Papoz

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La première française à être éditée en Pocket Terreur ouvre avec ce roman les portes carminées d'une trilogie consacrée au vampirisme.

Star du flamenco à Paris, Carmilla se produit dans le célèbre cabaret "La magie rouge". Les soirs de pleine lune, elle traque ses proies dans les lieux malfamés. Un curieux inconnu poursuit celle qui semble toujours jeune bien que largement centenaire. Buveur de sang comme elle, il lui propose un pacte. En ces années marquées par le SIDA, les vampires ont besoin de sang non contaminé…

Le roman se poursuit par un flash-back en forme de confession : celle de Carmilla qui se souvient des débuts de sa carrière en 1840, dans une maison close d'Alger. Un soir, choisie par un inconnu, elle fut vidée de son sang. L'homme lui permit de boire un peu du sien afin qu'elle connût la volupté de ce don, sans l'avertir qu'elle allait mourir avant de renaître. Après avoir passé plusieurs semaines dans la fosse commune, Carmilla hanta les abords des cimetières. Sa rencontre avec un voleur lui permit à la jeune femme de s'évader pour l'Andalousie où elle apprit les ficelles de son art.

En découvrant le prénom et la particularité de l'héroïne, il est difficile de ne pas établir immédiatement une comparaison avec la Carmilla de Sheridan le Fanu. Ce qui n'était qu'une nouvelle est ici un long roman fouillé, réussi aussi bien sur la plan romanesque qu'historique.

Les similitudes à retenir entre les deux œuvres se résument au vampirisme, au prénom de l'héroïne et à son goût prononcé pour les personnes du même sexe. Clin d'œil ou hommage à celui qui fut l'un des premiers auteurs à insuffler un peu d'érotisme dans ses écrits ? Mieux, approfondissement d'un ouvrage qui n'était qu'une esquisse. Car si la sensualité était ébauchée chez le Fanu, ici elle est omniprésente. Autant le langage était affecté alors, autant il est alerte ici, tout en conservant une certaine élégance, même lors du récit de la détention dans un lupanar d'Alger. La première Carmilla évoquait à mots couverts ses souvenirs, laissait soupçonner, plongeant le lecteur dans un abîme d'incertitude. La Carmilla moderne n'omet rien de ses liaisons passées. Dans la sincérité de Carmilla on découvre le talent de sa séduction. Elle ressemble à ces actrices qui, dans les années 30, fascinaient les foules béates. On les appelaient des vamps. Carmilla en est une. On attend avec impatience le prochain tome.