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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 16 Solaris 115

Keep Watching the Skies! nº 16, janvier 1996

Joël Champetier : Solaris 115 : Retour à Lovecraft

revue de Science-Fiction & de Fantastique ~ chroniqué par Pascal J. Thomas

 Détail bibliographique dans la base de données exliibris.

« Première revue de Science-Fiction et de Fantastique en français en Amérique du Nord » (et qui n'a sans doute pas grand-chose à craindre en ce domaine de la concurrence louisiannaise ou haïtienne), Solaris poursuit son bonhomme de chemin depuis 1974. De façon assez typique, ce numéro se partage à égalité entre création et commentaire.

La partie critique de ce numéro fait la part belle à H. P. Lovecraft, avec des articles fort érudits et bellement écrits de Daniel Canty, Muriel Martin et L. V. Cervera-Merino. Oserai-je me plaindre ? Le troisième nommé semble plus préoccupé de théories psychanalytiques dont il va chercher confirmation dans l'œuvre de Lautréamont (et dans celle du maître de Providence, bien sûr) ; quant au premier, c'est l'épistémologie qui le travaille, mais sa réflexion semble à base de philosophie des mathématiques pas forcément bien digérée (je veux dire, pas forcément appuyée sur une connaissance des mathématiques elles-mêmes). Muriel Martin livre un travail honnête — mais pas impartial — sur les liens de parenté littéraires, ascendants ou descendants, que l'on peut rattacher à Lovecraft.

Comme à l'accoutumée, les "Lectures" de Solaris sont utiles dans leur éclectisme — un seul regret : ce paresseux de Pascal J. Thomas néglige depuis longtemps de rendre compte des nouveautés américaines — et "Les littéranautes", qui rend compte des parutions canadiennes, est irremplaçable.

Côté créations, nous avons une BD amusante et fort bien vue, mais surtout deux nouvelles qui flirtent avec les frontières de la SF, alors même que leurs auteurs sont plutôt réputés pour le caractère scientifique de leurs œuvres. Francine Pelletier et Yves Meynard (lequel, soit dit en passant, est responsable de la direction littéraire de la revue) donnent dans "Navices" une œuvre fort agréable qui peut se lire comme de la Fantasy ou de la SF, au choix. Quant à Jean-Louis Trudel, quelle ne fut pas ma surprise (après avoir lu sa chronique du dernier roman de Richard Canal dans KWS 13-14), de le voir mettre en scène une Planète du Jeu dans une nouvelle qui se déroule essentiellement dans des univers hallucinatoires — reconnaissons que ces hallucinations obéissent à une logique et reproduisent les collages de souvenirs que l'on peut observer dans les meilleurs rêves ; la nouvelle est tout-à-fait intéressante.