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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 17 l'Hiver, aller et retour

Keep Watching the Skies! nº 17, février 1996

Emmanuel Jouanne : l'Hiver, aller et retour

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Version remaniée et allongée de l'Âge de fer, paru comme l'indique la page 6 dans une édition “confidentielle” (chez Patrick Siry en 1988), voici le premier livre de Jouanne en PdF depuis la Trajectoire de la taupe en novembre 1989… C'est dire le long silence d'un auteur qui fut à ses débuts considéré comme une révélation et un créateur important. Le temps a fait son œuvre et les lecteurs ont changé, ils sont peut-être plus difficiles à séduire, il n'empêche : voilà un retour qui ne devrait pas laisser indifférent.

Néon, ex-jeune Loup, voleur patenté dans un Paris divisé en villages, est heurté par le Docteur Fer. Une femme dangereuse qui manipule les réalités pour tâcher de construire Une Réalité qui se tienne. Néon retrouve Eau, sa compagne et celle-ci se met à ne plus toucher terre. Malgré le secours de ses anciens amis Jeunes-Loups, Néon ne parviendra pas à éviter la mort d'Eau et l'effondrement du monde qu'il connaît. Un monde qui pour nous lecteur est déjà soigneusement déglingué… Après avoir été désagrégé, Néon deviendra le support d'une réalité instable et qui inquiète même celle qui l'a engendrée.

Résumer ce roman à son intrigue et aux principales péripéties, ce n'est pas en rendre compte. Pour ce faire, il faudrait pouvoir paraphraser des images, des mondes, des univers, qui relèvent à la fois d'une culture surréaliste revue et corrigée par Boris Vian et d'un pessimisme noir revu et corrigé par un dépressif. Vous commencez à croire qu'il s'agit d'un roman d'une noirceur d'encre qui renvoie le lecteur à son sentiment d'impuissance — et pourtant, ce n'est pas que cela. C'est pire. Jouanne semble jubiler et se repaître de cette noirceur parfois nauséeuse. La mort du héros, l'impuissance de l'héroïne ne nous laissent pas sur notre faim. Jouanne semble pratiquer une politique du pire qui oblige le lecteur à jubiler avec lui sous peine de sombrer dans l'horreur.

Alors me direz-vous que propose-t-il comme exutoire, comme remède à notre mélancolie ? Un aller et retour en hiver. Une ironie masquée par la dérision ou vice versa. Une suite improbable ou un autre roman qui saurait peut-être nous dire que faire. Mais est-ce vraiment utile ? possible ? de trouver une solution autre qu'individuelle ou égoïste. Pour le savoir, laissez vous porter par ce roman à l'arrière-goût de dynamite et de reprise individuelle…