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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 17 Journal de nuit

Keep Watching the Skies! nº 17, février 1996

Jack Womack : Journal de nuit

(Random acts of senseless violence)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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La quatrième de couverture signale que les éditeurs américains ont été "effarouchés" par ce roman et qu'il n'a été publié qu'en Angleterre et ajoute qu'on y trouvera l'origine de l'univers des précédents romans de Womack.

Comme le titre l'indique il s'agit d'un journal, celui d'une "petite fille" juive de douze ans — on notera qu'elle baptise son journal Anne. L'écriture commence le 15 février et s'achève le 10 juillet. d'une année indéterminée. En l'espace de six mois, Lola Hart surnommée Lo, va vivre et commenter le chômage de sa mère, de son père, l'envoi en camp de redressement de sa meilleure amie, un déménagement dans un quartier dangereux, le nouveau travail de son père, la dépression de sa mère, le fait qu'on la traite de lesbienne, la rencontre et l'amour avec une Noire, les tendances à l'autisme de sa soeur, la mort de son père, la jalousie d'une autre Noire, la maladie de sa mère, la révolte et le massacre des pauvres, un échec scolaire, la mort d'une tripotée de présidents des Etats Unis… pour enfin entrer dans une “clandestinité” violente.

Womack raconte une déchéance, la décrépitude d'une société et de ses valeurs vues par une enfant qui ne remet pas en cause la société mais constate que les valeurs, les idées qui lui ont été inculquées n'ont plus cours… D'autres “valeurs” ( ?), qui ne sont pas nommées, les ont remplacées. Ces nouvelles manières d'appréhender le monde sont nées de la nécessité de survivre, non d'un code de bonne ou de mauvaise conduite. Le monde des adultes est présenté comme étant celui des psychopates ou des irresponsables aveugles et impuissants.

Womack comme Lo n'accuse personne de cet état de fait et c'est certainement là que le bât blesse, personne n'est coupable… Personne ne peut donc se défendre d'être la cause de ce qui semble n'être qu'une (science) -fiction réaliste, une fable à la manière d'un Swift ou d'un Jérome Charyn. C'est l'auteur lui-même qui est coupable d'un pessimisme condamnable — comme M. Chimino fut coupable d'avoir à travers la Porte du Paradis — qui donne des USA une vision négative, ayant perdu tout esprit de conquête et de frontière — sauf celle dressée entre pauvre et encore riche.

Le lecteur de chez nous se réjouira — peut-être un peu vite — de penser que cela n'arrive qu'aux autres et prendra du plaisir — peut-être malsain — à lire un “voyage au bout de la nuit” remarquablement servi par la traduction sans faille d'Emmanuel Jouanne.

Notes

››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 18.