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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 17 Prière à l'ange obscur

Keep Watching the Skies! nº 17, février 1996

Sheri S. Tepper : Prière à l'ange obscur

(a Plague of angels)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Dans un monde où cohabitent les Zones — véritables lieux de débauche et de violences, les villages Archétypes — peuplés de Sorcières, Héros, Salauds et autres figures de contes, les Confins — qui abritent les détenteurs de techniques, les Campagnes, partagées entre monstres — Ogres et autres Trolls facétieux (et non “fallacieux” ! cf. p. 6), et paysans, et la Citadelle — où siègent les maîtres… Abasio, un jeune homme qui fugue pour aller visiter une Zone, va rencontrer l'amour et la jeune Orpheline. Grâce à elle, dont le cerveau doit servir de pilote il est, d'après une légende, possible d'aller sur la station orbitale proche de la Lune récupérer la puissance ancienne des hommes.

Nous sommes sur un morceau de terre post-cataclysme qui ressemble à la Californie. Le monde, encore frappé de terribles fléaux, est en train de renaître et certains s'évertuent à lui redonner une figure qui soit douce à l'humain. Le départ de l'Orpheline et la victoire d'Abasio et de ses alliés sur les forces du mal donnent au monde une nouvelle chance.

On peut penser au Dieu vengeur (le titre américain était plus explicite sur ce point) qui déchaîne ses foudres sur une humanité incapable de vivre en bonne intelligence avec elle-même. Ici, comme dans d'autres classiques, l'humanité repart du bon pied. Seuls les meilleurs survivent.

En fait, mis à part les aspects dramatiques et le récit parfaitement bien orchestré, il faut saluer la volonté démonstrative de Tepper qui, comme dans ses deux autres romans publiés en J'ai Lu, tente de raisonner notre présence au monde et de proposer des solutions à nos conflits de personnes et de sexes.

On peut trouver certaines de ses propositions outrancières, mais elle a au moins le mérite de n'escamoter aucun des problèmes et d'essayer de traiter celui des rapports homme-femme sans se voiler la face, sans parti-pris.

Bien sûr ce type de bonnes intentions ne fait pas en général les bons livres, mais Tepper parvient, sans que cela paraisse artificiel, à coordonner l'expérience initiatique et salvatrice de ses deux héros avec une réflexion sur le monde. En fait Abasio et l'Orpheline naissent du monde qu'elle imagine, ils le vivent, et ne lui sont pas imposés pour le réformer. C'est sans doute là que la démonstration est la plus convaincante. Nous lecteurs, qui endossons les rôles de ses personnages, sommes aussi parties prenantes du monde qu'ils habitent… Comme nous habitons le nôtre…