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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 23 la Machine à différences

Keep Watching the Skies! nº 23, avril 1997

William Gibson & Bruce Sterling : la Machine à différences

(the Difference engine)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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On imagine la rencontre de Gibson et de Sterling, présentés en quatrième de couverture comme « les créateurs du courant cyberpunk », comme lourde de délires en gestation. Notre fantasme est pleinement satisfait par ce roman.

Deux délires donc.

L'un produit une uchronie dans laquelle l'empire britannique est gouverné par des scientifiques et des industriels portant les noms de poètes et d'écrivains anglais bien connus. Vision particulière d'un XIXe siècle où les intellectuels (Byron !) seraient parvenus au pouvoir grâce à des ordinateurs fonctionnant à la vapeur et analysant des cartes perforées.

L'autre imagine et “construit” la recherche d'un paquet de cartes mécanographiques — permettant l'utilisation d'une martingale infaillible — sur le mode aléatoire. On est bien loin du réalisme moderne habituel des deux auteurs.

L'ensemble est à la fois lié et séparé par des séquences qui présentent un Londres pollué à l'extrême, des guerres sur le vaste territoire des Amériques, les querelles des diverses polices, des diverses Académies scientifiques — à propos de l'évolution des espèces, des rapports entre la France et son ordinateur central — le Grand Napoléon — et un des héros de l'histoire, et la populace des bas quartiers. Il est même question de virus informatique contenu dans les cartes perforées recherchées.

Le grand nombre de données rend parfois la lecture un peu malaisée, mais l'excellente traduction de Bernard Sigaud, le rythme des aventures, et l'originalité des trouvailles donnent, une fois le livre refermé, une impression d'achèvement, de réussite. Et ce même si toutes les réflexions que suscite cette uchronie — les rapports entre l'homme et la machine, l'évolution des espèces, l'Entente Cordiale, par exemple — ne sont pas poussées jusqu'au bout par les auteurs.

C'est l'intérêt de l'Uchronie que de proposer de réfléchir sur les données de notre civilisation sans fournir de solutions à nos problèmes. Ici, Gibson et Sterling donnent au lecteur l'aventure qui le passionnera et les idées qui nourriront sa réflexion.

Notes

››› Le lecteur curieux pourra consulter une chronique du même ouvrage — hélas loin d'être le meilleur de ceux de ses deux pères spirituels — parue dans KBN 3, ainsi qu'une autre dans KWS 24-25 — NdlR.