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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 23 Gros temps

Keep Watching the Skies! nº 23, avril 1997

Bruce Sterling : Gros temps

(Heavy weather)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Dans l'Amérique du Nord de 2031, tout aussi chamboulée que le reste du monde, le Front de tempête, une équipe d'individus plus ou moins en rupture de ban poursuit et traque les tornades qui ravagent le Middle West. Ils nourrissent l'espoir de cerner et d'enregistrer la fameuse tornade de force 6 prévue et calculée par leur chef, Jerry Mulcahey.

Nous découvrons ce petit monde par le biais d'Alex, que sa sœur Jane a tiré d'une clinique où il faisait soigner un problème génétique pulmonaire. Le jeune homme s'adaptera au groupe, et chaque épisode de cette intégration sert de présentation des divers membres. De la vieille “hippie” qui reprend les recettes des Comanches à la bricoleuse de génie qui tire tout d'un rien, en passant par les spécialistes de l'informatique et jusqu'au frère de Mulcahey dont on devine vite qu'il trafique dans les sphères gouvernementales… Après la traversée de quelques tornades de force trois ou quatre hallucinantes, la tornade force 6 interviendra, balayant tout sur son passage, jusqu'aux problèmes personnels des protagonistes…

Un remarquable roman à quatre niveaux de récit qui s'entremêlent avec une rare finesse. Le récit descriptif du temps et des tornades auscultées et enregistrées par du matériel sophistiqué. Le récit des aventures et des problèmes du groupe. Le récit des métamorphoses d'Alex et Jane. Enfin le récit “politique” qui montre un peu les rouages et le fonctionnement de la société en 2031. Le tout s'enchevêtre au point que c'est un seul et unique récit de quête auquel le lecteur est convié. Quête de soi et d'un absolu à laquelle Sterling ose donner une fin que l'on peut qualifier d'enthousiaste et de revigorante. Certains penseront sans doute que cette fin n'est pas assez héroïque au sens dramatique. Pourquoi faudrait-il que les héros n'aient pas le droit de vivre une vie normale ? Je crois que les rendre plus humains, plus proches de nous c'est non seulement nous permettre de nous identifier plus facilement à eux. Comme ils sont ici plus lucides qu'héroïques c'est peut-être nous donner envie d'adopter un comportement identique…

Ceux qui avaient aimé les Mailles du réseau retrouveront là un auteur peut-être un peu trop rare, mais qui sait raconter une histoire sans nous désespérer.