KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jean-Pierre Andrevon : le Parking mystérieux

Jean-Pierre Andrevon : Kofi et les buveurs de vie

romans de Fantasy pour la jeunesse, 1997 & 1998

Jean-Pierre Andrevon : le Jour du grand saut

roman de Science-Fiction pour la jeunesse, 1996

chronique par André-François Ruaud, 1998

par ailleurs :

Le Parking mystérieux est celui des tristes HLM où vit Fabien, qui pourtant aime à contempler le quartier depuis sa fenêtre et à voir… quoi donc ? Une rangée de hauts palmiers qui frémissent au bout de l'avenue, l'ombre d'un grand prédateur dinosaurien qui se faufile entre les barres d'immeubles… Imagination ? Pas seulement…

Dans ce roman ouvertement destiné aux ados de douze ans, Jean-Pierre Andrevon parvient mieux que jamais à saisir l'essence fugitive de la Fantasy urbaine — genre très rare en France, que ce soit dans les collections pour jeunes ou dans celles pour adultes. La Fantasy urbaine, c'est un glissement insidieux vers le merveilleux, l'intrusion dans le réel d'éléments surnaturels issus des mythes. En l'occurrence, cette fois, il s'agit d'une mythologie d'origine africaine transposée dans le cadre dépressif d'une quelconque ZUP actuelle. Les portraits des mômes sont bien brossés, le style est d'une élégance admirable sans pourtant être complexe, les effets de réel et d'imaginaire sont savamment dosés. Un régal.

On retrouve dans Kofi et les buveurs de vie le personnage de Fabien, guéri depuis le volume précédent de ses problèmes d'asthme. Il a aussi gagné plusieurs copains et copines. Mais le danger rôde dans la cité… S'agit-il de flics particulièrement vicieux, comme le craignent les petits loubards du coin ? Ou bien de quelque chose d'encore plus inquiétant ? Une longue limousine noire tourne la nuit dans la cité, des flots de lumière bleue coulent de ses vitres hermétiquement closes. Et des jeunes commencent à disparaître. Leur corps, vidé, nettoyé, est retrouvé ensuite…

Jouant avec la parano à la mode des agresseurs extraterrestres et l'amour actuel des jeunes lecteurs pour les textes terrifiants, Andrevon donne cette fois dans l'horreur. Les mômes jugeront-ils que le vocabulaire “branché” des protagonistes (pour la plupart des “beurs” bien typés) est assez réaliste ? Il me l'a semblé, mais je suis certainement mal placé pour en juger vraiment. Cet écueil excepté, ce roman est une nouvelle réussite ; Andrevon manie avec une dextérité digne d'admiration les glissements subtils de la réalité au fantastique…

Dans le Jour du grand saut, un roman un peu plus ancien, l'auteur s'adonnait déjà à la littérature pour la jeunesse, mais dans le domaine de la SF. Avec un même art du “passage” d'un monde à l'autre et de l'illustration pour enfants de thèmes relativement pointus pour adultes. Cette fois en l'occurrence, l'utopie écologiste. Henri est passé dans un autre monde, parallèle et différent. Tout y fonctionne selon des schémas environnementalistes, capteurs solaires, éoliennes, dirigeables, etc. Une belle utopie à la Transit de Pierre Pelot, que le lecteur est invité à découvrir comme par le “petit bout de la lorgnette”, la vision d'un enfant.

Il est fort, cet Andrevon ! Et j'aimerais beaucoup qu'il écrive des romans du même tonneau pour le lectorat adulte : on manque d'auteurs de son calibre !

André-François Ruaud → Keep Watching the Skies!, nº 29-30, août 1998

Lire aussi dans KWS une autre chronique de : le Parking mystérieux par Francis Valéry et de : les Buveurs de vie par Pascal J. Thomas.

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