KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Valerio Evangelisti : ‘Picatrix’, l'échelle pour l'Enfer

(‘Picatrix’, la scala per l'Inferno, 1998)

roman de Science-Fiction et de Fantasy

chronique par Pascal J. Thomas, 1999

par ailleurs :

Des monstres à tête de chien. Des roues incandescentes dans le ciel. Des foules déchaînées qui réduisent en cendres le palais de l'Inquisition à Saragosse. Des complots obscurs qui agitent le quartier musulman. Décidément, Nicolas Eymerich a du pain sur la planche ! Et pour résoudre ses problèmes, il va devoir faire appel, à contrecœur, à ceux dont il voudrait nettoyer la péninsule ibérique, Juifs et Musulmans. Accompagné de son serviteur d'origine juive, Alatzar, Eymerich va parcourir les territoires musulmans d'Andalousie, déchirés par une guerre civile sans pitié à laquelle la sorcellerie prête son concours, et s'embarquer jusqu'aux Canaries pour déjouer des sortilèges qu'il interprète immanquablement comme les mensonges de Satan… mais dans la logique desquels il est obligé de travailler pour les contrer !

À la différence du volume précédent, Cherudek, celui-ci est un bon exemple de formule Eymerich tournant sans à-coups, sans intérêt exceptionnel non plus. Euroforce et RACHE se retrouvent cette fois-ci en Afrique, occupées à massacrer les enfants africains. C'est l'occasion de charges contre le FMI, mais pas de grand-chose d'autre. Le professeur Frullifer (oui, celui-là même qu'on découvrait déjà dans le premier volume) se retrouve aux Canaries, entraîné malgré lui dans l'étude des mythes sataniques du lieu — vous avez remarqué comme Evangelisti aime situer ses actions dans les recoins de la géographie, îles, hautes vallées, culs-de-sac (le Friul…) ? Vieille stratégie, amplement exploitée par les récits de mondes perdus (H. Rider Haggard, Edgar Rice Burroughs…).

Ce qui, par contre, m'a intéressé dans ce livre est qu'Eymerich s'y confronte, pour la première fois en profondeur, avec les autres religions qui partagent la péninsule ibérique avec la chrétienté : judaïsme et islam. Il se montre finalement plus tolérant avec eux qu'avec ses rivaux Franciscains — mais n'allez pas croire qu'Eymerich soit devenu un brave homme. Il a besoin de la connaissance et des relations des savants musulmans ; il partage avec eux les dangers, et certains objectifs, mais il ne sera jamais du même côté. Plus intéressant encore est le personnage de son assistant juif converti, Alatzar, qui pour la première fois dans la série peut offrir un rival intellectuel au moine terrible. En dépit des péripéties de leur relation au cours du livre (sans doute la principale source de suspense !), je pense qu'on devrait le revoir dans les volumes ultérieurs.

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