KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Daniel Conrad : De minuit à minuit

anthologie de Fantastique, 2000

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

Cette anthologie procède de deux bonnes idées. D'une part, Daniel Conrad a cherché à mêler les auteurs connus du grand public (Marie Darrieussecq, Vincent Ravalec), ceux connus des amateurs d'angoisse (Jean-Pierre Andrevon, G.-J. Arnaud, Anne Duguël, etc.) et d'autres venus du Polar (Béatrice Nicodème, Jean-Bernard Pouy, Pierre Siniac). D'autre part, il a essayé d'organiser ses angoisses au fil d'une journée.

En principe, le résultat devrait être pleinement séduisant, or il ne l'est qu'à demi. Pourquoi ? C'est simple et cela tient en gros à la première idée. Il ne suffit pas en effet de mettre un nom sur la couverture, encore faut-il exiger de ce nom qu'il ne se contente pas de livrer un texte médiocre ou un fond de tiroir dépourvu d'intérêt — sauf à considérer l'exercice de style comme intéressant. Si Ravalec passe à peu près — grâce à son écriture —, Darrieussecq, dont le titre est en anglais (?), a beau savoir écrire, son texte est d'une consternante banalité. Dans un genre différent, on ne peut pas dire qu'Arnaud soit un bon nouvelliste, sa production manque de rythme, et si Philippe Curval fut un maître en son temps, ce qu'il donne ici relève de l'exercice gratuit. On lui préférera — dans la même veine — le texte d'Andrevon, ou celui de Pierre Pelot.

Je ne pousserai pas plus avant ma revue de détail. Je signalerai simplement que nos auteurs, placés sous le signe d'Alain Dorémieux dont les Territoires de l'inquiétude [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] [ 4 ] [ 5 ] furent en leur temps d'excellentes anthologies, rendent un hommage appuyé à cet auteur-traducteur.

L'ennui est que si le lecteur peut apprécier l'angoisse à petites doses (huit auteurs maximum), il n'est pas sûr que l'empilement de vingt-sept titres/textes ne s'avère indigeste. Vous me direz qu'on peut toujours lire au compte-gouttes ou selon ses goûts sans suivre le fil de la journée — certains textes pourraient d'ailleurs se placer à n'importe quelle heure —, mais dans ce cas de quoi lui sert cette antho ? (Pourquoi ne pas avoir proposé deux volumes au lieu d'un seul ?)

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 38, janvier 2001

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