KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Sylvie Denis : Escales 2001

anthologie de Science-Fiction, 2000

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

J'ai un peu le sentiment que l'on attend l'antho annuelle Escales [ 1 ] [ 2 ] [ 3 ] du Fleuve noir au tournant, peut-être moins à cause de son contenu que des auteurs choisis par l'anthologiste. Les anthologies ne sont plus des exceptions et les revues apportent les supports nécessaires. Donc on attend l'exercice du concocteur : quels auteurs va-t-il sortir de son chapeau ? Comment va-t-il justifier ses choix ?

Sylvie Denis nous gratifie d'une préface fort intéressante, citant Jean-Claude Guillebaud et Edgar Morin — que tout lecteur de SF devrait connaître. Elle définit les écrivains de SF comme des manipulateurs de mondes qui nous permettent de ne pas nous laisser manipuler par le monde. À défaut d'être neuve, l'idée est séduisante et, mis ainsi en bouche, le lecteur peut accepter d'être manipulé par les dix-neuf auteurs choisis — on notera que, contrairement à certains anthologistes, Sylvie Denis ne figure au sommaire que pour le choix et la préface.

Je ne vous infligerai pas le relevé exhaustif des titres et auteurs. En gros, disons que l'antho se tient. Son niveau est moyen car aucun texte ne se détache vraiment exceptés, en bien, celui de Claude Ecken : "la Fin du big bang", et en médiocre, la pochade de Jacques Barbéri "la PAO c'est du gâteau !". Le choix reflète les tendances actuelles de l'édition, respectant les proportions de francophones, de femmes, de jeunes et d'“anciens”. Et l'on peut imaginer un anthologiste sollicitant les auteurs non plus selon ses goûts mais selon la tendance. Gageons que c'est courir peu de risques.

Tout comme en courent peu les auteurs réunis ici, sauf Joëlle Wintrebert, Francis Valéry et Guillaume Thiberge. Wintrebert par sa perversité insidieuse, Valéry, malgré une chute un peu mièvre, pour le “cœur” qui se cache sous le style, et Thiberge pour la provocation. Une autre exception : Markus Leicht qui installe un monde à suivre…

Les autres pondent des textes sages et se contentent de raconter plus ou moins bien des histoires que l'on a l'impression d'avoir déjà lues. Si je compte bien, j'ai relevé cinq textes importants, porteurs sur dix-neuf : à vous !

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 38, janvier 2001

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