KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Laurent Genefort : Omale

roman de Science-Fiction, 2001

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

Une Porte sur l'éther annonçait par sa taille et une certaine complexité l'ambitieux Omale. Dans ces deux derniers romans de Genefort, on trouve sensiblement les mêmes “ingrédients”, à savoir des organisations sociales en symbiose avec leur environnement perturbées par un phénomène/un personnage dont l'origine est ancienne ou actuelle ; et les “héros” de ces communautés cherchent à rétablir l'équilibre initial… Dans Omale, six représentants des “races” qui vivent sur la planète éponyme ont reçu un fragment de coquille d'œuf et se retrouvent embarqués vers une destination qu'ils ignorent, tout comme ils n'ont aucune idée de ce que l'on attend d'eux mais soupçonnent que cela a un rapport avec leur spécialité. Réunis sur l'épave du dirigeable qui les transportait et qui continue de flotter dans l'espace, ils jouent au Jeu des Relations, un jeu d'une des ethnies de la planète, qui doit déterminer qui sera le chef de leur groupe. Ceux qui sont éliminés au fur et à mesure du déroulement de la partie doivent raconter comment ils sont en possession d'un fragment d'œuf.

Ainsi Genefort retrace l'histoire de la planète et de ses populations — on notera l'habile façon de raconter qui mêle le récit du personnage et les commentaires indirects comme si chaque histoire était en fait relatée par une seule et même personne omnisciente — et nous amène à travers un dénominateur commun à repenser l'Histoire et l'origine d'Omale.

La fin de l'œuvre, bien que rapide et un peu décevante dans la mesure où elle explique peu le pourquoi de la présence des six héros — à moins que cela ne soit la continuité du Jeu des Relations —, laisse entrevoir une nouvelle ère pour Omale. Une période de réconciliation entre les ethnies.

J'ai trouvé du Shakespeare là-dessous, la Tempête pour être plus précis. Et Genefort-Prospero semble être un créateur d'univers en pleine possession de ses moyens, capable d'imaginer des sociétés originales. On notera, et c'est certainement là toute la force de l'auteur, que non seulement ces créations émeuvent mais qu'elles ont un sens, un intérêt dans le récit… Sans doute faut-il prendre alors le mot "relations" (jeu des…) dans ses deux acceptions : d'une part "relations/récits" et d'autre part "mise en rapport". Ajoutez à cela la capacité de Genefort à décrire une bataille, un combat, et vous aurez l'idée d'un livre qui sans être pleinement achevé ne laisse le lecteur qu'à demi sur sa faim, faim née du contenu du roman qui bien sûr favorise l'imaginaire.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 39, juin 2001

Lire aussi dans KWS une autre chronique d'Omale par Jean-Louis Trudel

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