KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Dany Jeury : Squatteur de rêve !

roman fantastique pour la jeunesse, 2001

chronique par Noé Gaillard, 2001

par ailleurs :

En 1998, pour sa première apparition littéraire, Dany Jeury s'était associée à son père ou, si vous préférez, avait pris son père(1) comme parrain et cosigné un "Vertige Science-Fiction" chez Hachette jeunesse, le Chat venu du futur. À défaut d'être passionnante, cette œuvrette restera sans doute comme curiosité. Cette fois-ci, elle signe seule une production plus ambitieuse, personnelle… et moins science-fictive.

Ambitieuse par le sujet : un jeune garçon, un peu “sauvageon”, se retrouve dans la clinique de son oncle où il va pénétrer sans le vouloir dans les rêves d'un autre garçon, qui est dans le coma à la suite d'un accident de planche à roulettes. Même si le rêve est un sujet un peu rebattu, Dany Jeury parvient à en tirer les meilleurs effets, d'une part quant à leur description et d'autre part leur contenu. Le blessé se complaît dans son univers qu'il construit et déconstruit à sa guise, malgré ou à cause d'une vie pleine et entière dont on peut dire qu'elle est heureuse. Le “sauvageon”, lui, veut échapper à cette prison de rêves. Et Dany Jeury maîtrise à merveille sa maîtrise de psychologie puisqu'elle tire du fait que le blessé est orphelin de père (⁈) de quoi nourrir la deuxième partie de son récit et sa conclusion. Cela peut paraître manquer d'originalité pour un roman ordinaire, mais dans la mesure où le lecteur est censé être jeune et concerné par un personnage de son âge ou qui a ses goûts, l'idée de la mort et du deuil s'avère plus intéressante, délicate.

Personnelle par le traitement de l'histoire qui fait intervenir aussi une jeune fille amoureuse déclarée du blessé et qui présente les rapports de ces jeunes gens comme allant de soi, naturels. J'ai cherché l'erreur, la faute de goût qui réduise à néant les prétentions de l'auteur… Rien ! Non seulement c'est juste, mais en plus c'est plaisant et crédible jusque dans l'outrance.

Bien sûr, on regrettera que ce roman relève plus du Fantastique que de la SF mais il n'est pas certain qu'un traitement SF de l'idée ait été rigoureux ou efficace quant à l'idée de mort et de deuil. Je vous conseillerai simplement de lire ce roman en pensant qu'il est destiné à des jeunes et non à vous.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 40, septembre 2001


  1. Michel Jeury, bien sûr ; pour ce qui le concerne, voir les catalogues "Ailleurs et demain" et Pocket, par exemple, ainsi que ses nouvelles sur le site de Quarante-Deux.

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