KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Roger Zelazny ; Jane Lindskold : Lord Démon

(Lord Demon, 1999)

roman fantastique

chronique par Sandrine Grenier, 2002

par ailleurs :

Kai Wren est ce que nous autres humains appellerions un Démon. Âgé de 5 000 ans, surnommé Lord Démon l'Exterminateur de dieux, Kai Wren coule des jours paisibles à souffler le verre. Entouré de quelques serviteurs fidèles, il vit sur un immense domaine qui tient… dans une bouteille, qu'il a placée en Chine, pays avec lequel les démons entretiennent d'étroites relations. Les siècles s'écoulent paisiblement jusqu'à ce que son fidèle O'Keefe se fasse massacrer et manger par des démons mineurs dégénérés en allant chercher une pizza. Ne pensant plus qu'à la vengeance, Lord Démon va alors quitter sa retraite afin de mener une enquête. Ses découvertes vont le plonger directement dans les rouages d'une histoire qui prend sa source plusieurs milliers d'années auparavant. Car si la guerre entre les démons et les dieux a pris fin il y a bien longtemps, les anciens démons n'ont rien oublié de leur terre natale, d'où ils ont été bannis à jamais par les dieux. Kai Wren, lui, est né en exil, il ne comprend donc pas vraiment cette nostalgie, mais ce qui le met le plus en rogne, c'est de s'apercevoir au cours de ses recherches qu'il s'est fait manipuler comme un jeunot…

Malgré la mort de Zelazny, la source n'est pas encore tarie, tout au plus les œuvres doivent-elles être achevées par autrui. Ici, c'est l'épouse de Zelazny, Jane Lindskold, qui s'y colle. Est-ce parce que Lord Démon était à peine ébauché, et donc que la dame a dû y mettre beaucoup d'elle, ou bien l'auteur était-il lui-même en petite forme ? Dans tous les cas, ce roman, aussi agréable soit-il à lire, est un cran en dessous de ce que cet écrivain était capable de faire. Ce livre porte pourtant bien le copyright R.Z., car les thèmes chers à l'auteur sont à nouveau représentés : l'immortalité, la puissance, le pouvoir et l'obsession des mythologies. Cette fois-ci, Lord Démon flirte avec la mythologie chinoise. Des démons bien sûr, qui s'habillent comme des mandarins et sont d'une exquise politesse, des jardins plantés en respectant le Feng Shui, des dragons et une foule d'autres joyeusetés du même cru. Mais la fête s'arrête là. Si l'histoire est intéressante et les personnages sympathiques, le tout manque cependant de souffle, d'ambition, de cette incroyable vision qui nous donna il y a quelques années des livres comme Seigneur de lumière. Et la fin, particulièrement mièvre, est des plus décevante. Un petit roman donc, qui sent la commande, ou le désintérêt en cours de route.

Sandrine Grenier → Keep Watching the Skies!, nº 41-42, janvier 2002

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