KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jamil Nasir : la Tour des rêves

(Tower of dreams, 1999)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2002

par ailleurs :

Une minable notice bio en début du volume n'éclaire guère sur l'auteur, nouveau venu pour nous. Mais ce titre a déjà été suivi d'un autre — aux États-Unis, bien sûr — et assure à l'auteur un bon début de renommée.

Apparemment c'est justifié. Ce roman en tout cas ne peut laisser indifférent, d'une part parce qu'il fait appel à la sensualité, et d'autre part parce qu'il mélange la technologie et la misère avec une rare finesse. Sensualité d'abord par le biais du rêve. Le héros, Blaine Ramsey, comme beaucoup de ceux qui travaillent dans la Pub, va, à l'aide de drogues, chercher les images qui feront vendre dans les pays où l'inconscient collectif est fortement impressionné. Mélange technologie et misère quand Blaine se déplace à la recherche de l'“icône” qu'il découvre soudain dans la réalité et se retrouve au Caire. La ville est surpeuplée et sujette à des tremblements de terre qui laissent indifférentes les autres nations. On découvre avec Ramsey une ville à deux “vitesses”, celle des pauvres et celles des riches. Ces derniers ont des limousines volantes, les premiers se frayent leur chemin dans des embouteillages permanents. Blaine trouvera son Icône au moment où la guerre civile se déclenchera. Au lieu de fuir comme tout Occidental, il suivra celle qui le fascine. Elle est bien sûr très belle mais droguée à outrance. En fait, c'est une légende vivante au sens propre du terme et Blaine l'épousera pour tenter de calmer les dieux qui continuent de se jouer d'elle… et il se retrouvera dans une clinique en Suisse. Pour enfin reprendre sa liberté et replonger heureux « dans l'autre monde où nous entraînent la mort et les rêves ».

Un livre qui bénéficie de la rencontre de deux cultures et qui tente par le style, le ton, et l'intrigue d'en créer une troisième. Sur le plan stylistique, cela donne une langue riche et partagée entre sensualité “brute” et sensualité “élaborée” — (Re)lisez le poète syrien Adonis. Sur le plan du ton, je pencherai pour une ironie insidieuse à l'égard de notre Occident. Quant à l'intrigue, c'est ouvertement qu'elle mêle les deux mondes par le biais de Carl Gustav Jung.

Ne ratez pas cet inédit.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 41-42, janvier 2002

Lire aussi dans KWS une autre chronique de la Tour des rêves par Pascal J. Thomas

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