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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 46 la Voie du sabre

Keep Watching the Skies! nº 46, janvier 2003

Thomas Day [Gilles Dumay] : la Voie du sabre

roman de Fantasy ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Si j'osais, je demanderais à ce que ce livre figure sur les listes de livres à lire en classe de seconde — on pourrait, et devrait peut-être, le conseiller plus tôt, mais certains parents pourraient s'offusquer de certaines scènes. Deux raisons au moins à ma demande. La première est qu'il ne me semble rien exister de supérieur comme moyen littéraire d'apprentissage qu'un roman d'apprentissage. La deuxième est que le narrateur — celui qui dit Je — n'est autre que celui qui apprend et mesure en même temps la portée de ce qu'il apprend.

La voie du Sabre serait une forme d'ascèse permettant à celui qui la maîtrise de sculpter l'eau, le sang, la glace et le feu avec un sabre particulier forgé dans un matériau venu d'ailleurs. La voie du sabre, c'est celle que le rônin Miyamoto Musashi s'efforce d'enseigner au jeune Mikedi. Pendant six ans l'“enfant” va apprendre la cuisine, l'amour et l'art de se battre, à défaut de la voie du Sabre, et gardera en lui la voix du maître lui reprochant d'usurper une récompense ou un pouvoir. Bien sûr, on s'en doute l'apprentissage ne s'achève (?) que sur la mort — sans surprise — du maître.

Passionnante histoire qui montre comment on peut apprendre et à quoi peut bien servir de savoir et surtout, comment certains ne s'attachent qu'aux apparences et non au tracé profond. Une belle illustration d'un proverbe chinois qui dit que lorsque l'on montre la lune du doigt, il y a toujours un imbécile pour regarder le bout du doigt. Une remarquable utilisation de l'art de l'hyperbole. Cette excessive exagération qui fait prendre la mesure exacte de la réalité. L'exotisme du Japon de Fantasy où l'empereur est un dragon, en “décalant” encore plus l'apprentissage me semble être très pédagogique au sens des Lettres persanes, par exemple. Et comble de plaisir pour le lecteur exigeant, Thomas Day glisse, par ci par là, des phrases qui sonnent comme des anachronismes. Des phrases écrites dans un français d'aujourd'hui totalement dépourvues de “japonaiseries”, qui en ramenant le lecteur à sa réalité renforcent la démonstration et le confortent quand il les reconnaît.

Bref, si j'osais, je demanderais aux parents soucieux de leurs enfants d'inscrire ce livre dans la liste des choses à leur offrir de manière insidieuse… non imposée, non didactique.

Notes

››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 53