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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 48 les Enfants de Darwin

Keep Watching the Skies! nº 48, janvier 2004

Greg Bear : les Enfants de Darwin

(Darwin's children)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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L'action se déroule douze ans après la naissance des enfants du SHEVA [1] lorsque ceux-ci tombent malades et meurent. Les personnages principaux du roman précédent réapparaissent : Kaye et Mitch, les parents de Stella, elle aussi touchée par la nouvelle épidémie mais sauvée par la persévérance de ses parents, à la fois du virus et des griffes d'un kidnappeur. Celui-ci l'avait piégée à l'occasion d'une fugue, pour la vendre aux autorités, qui parquent les enfants mutants dans des “écoles spéciales” (camps de concentration édulcorés).

Mark Augustine, ancien directeur de l'agence sanitaire mis sur la touche, utilise le peu de pouvoir dont il dispose encore pour rappeler le chasseur de virus, Christopher Dicken. Ce dernier découvre dans une école spéciale que ce sont les hommes “normaux” qui rendent malades les enfants, et que certains ont fait des recherches qui confinent à la barbarie.

Stella à peine sauvée, elle est internée en école spéciale, et Mitch est emprisonné. Kaye reprend du service en matière de recherche, et à sa sortie, Mitch retrouve de vieilles connaissances en paléontologie. Restent à sauver les enfants internés, et à suivre leur avenir d'humanité nouvelle…

Je ne sais pas si cette suite aura le même succès que le volume précédent — ce serait un peu désespérant si ce n'était pas le cas. Mais dans la mesure où il n'apparaît guère de nouveauté et d'invention dans cette histoire ; dans la mesure où certains lecteurs pourraient trouver intempestive l'intervention divine (Kate reçoit des messages d'un mystérieux Visiteur dans son esprit) ou insuffisante l'action des parents d'enfants “différents”, sait-on jamais…

Une telle façon de lire relèverait du parcellaire ou de l'affectif et ferait presque injure à l'auteur. Une telle façon de lire semblerait oublier que Bear nous demande un effort. Celui de comprendre ce qui est implicite, ce que le texte suggère. Personnellement je me suis étonné de deux choses : d'une part le fait que les parents des enfants SHEVA ne s'impliquent pas plus tôt et apparaissent un peu au hasard ; d'autre part que la communauté cachée le soit resté aussi longtemps. Mais, si ma mémoire est bonne, Bear avait déjà procédé de cette façon avec le premier tome et je crois le lui avoir reproché. Avec le temps, je trouve mon reproche injustifié et mon étonnement d'aujourd'hui aussi. Bear va à l'essentiel et nous laisse à penser ce qu'il ne dit pas. C'est sans doute pénible mais cela permet d'imaginer les situations auxquelles nous serions confrontés en pareil cas.

Ainsi le lecteur participe à l'équilibre de l'ensemble et fait que tout se tient, s'imbrique, s'interpénètre dans ce roman. Le tirer dans un sens ou un autre c'est le diminuer, le réduire, c'est oublier de penser aux potentialités et aux comportements potentiels. Bear impose à notre monde une situation particulière — qu'il a choisie, sans doute, mais qui semble probable et/ou vraisemblable — et le regarde se débattre… Bien sûr sa “description” de l'essentiel de ce qu'il voit n'est pas innocente, n'est peut-être pas neutre — même s'il s'en défend — mais c'est ici un romancier plutôt qu'un scientifique et l'on peut pardonner à son regard critique de s'embuer un peu, et c'est à nous de rectifier selon ce qu'on a décidé de voir. En fait tout vient sans doute de ce que pour faire penser et réfléchir il faille raconter/s'inventer des histoires… Au moins ça, Greg Bear sait le faire… au point de finir celle-ci sur des points de suspension…

Notes

[1] Une épidémie virale qui se révèle la clé d'une nouvelle étape dans l'évolution de la race humaine : cf. le roman précédent, l'Échelle de Darwin — NdlR.