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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 48 Space opera

Keep Watching the Skies! nº 48, janvier 2004

Jack Vance : Space opera

(Space opera)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Jack Vance aurait aussi pu, ce me semble, intituler ce roman de 1965 (révisé en 1993) Comédie musicale — une partie de ce qui fait son charme vient de sa ressemblance, quant aux personnages et à certaines situations, avec quelques comédies sentimentales et musicales. Celles où les charmants Cary Grant ou Bud Powel exerçaient leurs charmes sur des jeunes femmes dignes de jouer les mégères à apprivoiser, le tout sous le regard mi-bienveillant mi-critique d'une grand-tante de service et vieille comédienne à la pension alimentaire un peu juste…

Ici, une richissime amatrice d'opéra décide de retrouver la planète d'origine d'un groupe qu'elle juge original. Pour ne rien perdre, elle organise ce voyage sous forme de tournée. Dans un vaisseau aménagé, elle embarque une troupe et un orchestre et s'interroge avec sérieux sur l'opéra qui sera représenté sur les planètes visitées. Bien sûr, ce qui nous semble important est loin parfois de l'être pour d'autres — cela, nous le savons, et Vance s'amuse à enfoncer le clou. Mais ce que l'on sait moins, c'est notre obstination à considérer que notre culture est la meilleure, que ce sont les autres qui ont tort… Peut-être parce qu'il est douloureux, d'une part d'en prendre conscience, et d'autre part de se trouver confronté à un vide. À ce propos, Vance, non content de nous laisser analyser à notre guise l'obstination de l'amatrice, la double de l'obstination amoureuse du héros (neveu de l'amatrice qui finira par triompher) face à la tromperie, au mensonge et à l'égoïsme de celle qu'il aime.

On aura compris que Vance utilise à merveille l'art du faux-semblant qui caractérise si bien l'opéra — même transposé dans l'espace — doublé de celui de la comédie sentimentalo-musicale pour nous donner une leçon d'altruisme, de conscience de l'autre. On notera que la révision (due à Arlette Rosenblum) imposée à la traduction a eu pour effet de l'alléger et donc de rendre le roman plaisant à lire. Pourquoi ne pas proposer aux profs de musique et aux profs de français (ou d'anglais) de travailler sur ce Vance qui pousse le faux-semblant jusqu'à paraître léger..?