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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 49 les Âmes dans la grande machine

Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004

Sean McMullen : les Âmes dans la grande machine (le Calculeur & les Stratèges)

(Souls in the great machine)

roman de Science-Fiction en deux tomes ~ chroniqué par Noé Gaillard

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Imaginez un monde sans électricité où les machines sont interdites et où, si vous vous amusez à braver l'interdiction, elles sont détruites par un rayon venu de l'espace. Un monde où, à intervalles plus ou moins réguliers, l'“Appel” vous emporte, comme si vous étiez pris dans un courant invisible, et vous conduit jusqu'à ce qu'il cesse. Un monde figé sur des règles de comportement et d'organisation qui veillent à ne pas troubler l'ordre établi. Nous sommes en 1696 de la nouvelle ère, dix-sept siècles après le Grand Hiver qui débute en 2232. Zarvora Cybeline détecte le retour du Grand Hiver et décide d'agir, c'est-à-dire de chambouler son monde pour en reprendre possession. Elle commence par remettre en question le fonctionnement du Grand Livre (la bibliothèque) et imagine un ordinateur dont les composants sont des humains plus ou moins doués pour les mathématiques et qui occupent les divers postes de la hiérarchie selon leur niveau de compétence. Elle réorganise aussi la transmission de l'information

On suit en parallèle les aventures de Lemorel Milderellen et ses amours tumultueuses avec John Glasken, séducteur mi-voyou mi-honnête. Et de Darien qui ne parle que par signes mais entend tout… et tombera amoureuse de Ilyre, le demi-frère de l'abbesse Theresla. Ilyre et Glasken savent résister à l'Appel et vont découvrir que tous ceux (humains, animaux) qui le suivent finissent en pâture à monstres marins. Zarvora devient Première Magistrate, mais doit affronter une conjuration interne visant à lui ravir le pouvoir, la guerre avec les pays extérieurs et sa guerre contre les machines qui dans l'espace interdisent toute évolution technique, mécanique. Il va de soi que tout finira bien.

C'est passionnant, pas un instant vous n'avez l'impression de vous ennuyer. Les personnages sont plaisants et bien campés avec leurs doutes et leurs revirements. Le monde décrit est complet, l'auteur n'oublie aucune donnée de la vie politique ou économique d'un État et propose des codes de conduite intéressants, tout comme une race à part, les aviades. Mais le plus intéressant est sans conteste le rapport à la technologie que propose Sean MacMullen. Remplacer les composants électroniques par des composants humains et constater que la réduction à un ordinateur de campagne militaire n'est pas fiable montre les limites de l'anti-technologie. Utiliser, dix-sept siècles plus tard, pour détruire des satellites, des fusées qui restent d'un stock antérieur à 2232 c'est retourner la technique interdite contre l'oppresseur, mais aussi utiliser la technique… En fait Sean MacMullen nous propose — au moins à travers deux personnages : Zarvora et John Glasken — une belle leçon d'écologie. Non au sens de Vert ou d'anti-quelque chose, mais au sens large. Une sorte de sens pratique, d'anarchie bien comprise qui ferait du pouvoir un outil au service de tous et ce faisant libérerait l'individu des contraintes les plus triviales ou pénibles.

Bonne lecture.

Notes

››› Voir autre chronique du même livre dans KWS 46.