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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 49 la Cité du gouffre

Keep Watching the Skies! nº 49, juillet 2004

Alastair Reynolds : la Cité du gouffre

(Chasm city)

roman de Science-Fiction ~ chroniqué par Noé Gaillard

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La lecture de l'Espace de la révélation, premier volume de ce qui est annoncé comme une trilogie, sans m'avoir vraiment ennuyé, m'avait laissé si peu de souvenirs inaltérables que j'étais résolu à ne pas lire la suite. Puis quelqu'un m'a dit : c'est bien ! Respectueux par éducation et respectueux en confiance du conseilleur, j'ai foncé.

Encore une fois, il s'agit là pour moi de SF d'aventure qui pioche ses ingrédients chez divers classiques, et qui oublie de réfléchir à ce que ses “collages” pourraient donner comme idées nouvelles, ou anciennes à analyser sous un autre angle. Je résume : nous sommes dans un univers où l'on peut conserver des individus pour les mettre dans d'autres corps. Deux récits en parallèle qui se rejoignent pour s'achever en paradoxe. En fait les deux récits sont dans le même temps et dans des temps différents puisque celui qui les “vit” en subit un sous forme de plongées dans la vie d'un personnage qui a été tué par ses confrères explorateurs et vit l'autre comme la poursuite d'un individu dont il doit se venger… Est-ce clair ? J'ai pour ma part perçu une extrême violence dans les divers épisodes, souvenirs ou au présent. Bien sûr, le personnage principal se veut militaire et garde du corps. Exemples : pour libérer la femme de son chef directement menacée par un ennemi, il tire à travers son chef et rate sa cible ; pour aller plus vite et arriver le premier sur la planète-cible le commandant du vaisseau n'hésite pas à tuer ceux qui le gênent ne gardant que le strict minimum d'individus congelés ; dans la ville où s'arrête l'histoire, un certain nombre de nantis organisent des chasses à l'homme — chacun aura fait les rapprochements d'auteurs et de situations qui lui conviennent — et même la manière dont certains personnages sont tués relève d'une violence “gratuite”, violente en soi. Violence encore dans la lutte entre les extraterrestres et les machines tueuses, violence enfin dans ce qui m'a semblé le plus intéressant du livre : la recherche d'identité du personnage central qui en quête de lui-même s'aperçoit qu'il est un autre… Si j'ai bien compris il est triple — il suffit de me copier avant que je meure et l'on peut me confier à n'importe quel corps — et il met un certain temps (pas loin de cinq cents pages) à s'en rendre compte.

Comme nous sommes noyés dans les divers épisodes, nous pouvons être surpris par une fin qui, pour moi, ressemble à ce passage de la Tempête dans lequel Prospero (?) dit : « Si les événements nous échappent, feignons d'en être les organisateurs. » (je cite de mémoire), et la formule vaut autant pour le personnage que pour l'auteur — qui paraît prendre un malin plaisir à tirer un peu à la ligne.

Donc, si vous avez le temps et seulement si vous pouvez vous laisser balader dans la Cité du gouffre.