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Keep Watching the Skies! nº 50, janvier 2005

Mélanie Fazi : Serpentine

nouvelles fantastiques

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chronique par Philippe Paygnard

Fantômes, spectres, vampires, monstres de tous poils et peurs en tout genre, tels sont les ingrédients habituels d'un récit fantastique. Ce sont donc ces éléments bien connus que l'on retrouve dans les dix nouvelles qui composent Serpentine, premier recueil consacré à Mélanie Fazi. Au fil des récits, on croise donc des fantômes en quête de vengeance, des vampires assoiffés, des esprits épris de liberté, des assassins et des morts.

Mais attention, s'ils sont tous présents dans les pages de Serpentine, ils n'y arborent pas leurs atours traditionnels car Mélanie Fazi les intègre à sa mélodie et leur donne un nouveau visage surprenant, fascinant. Contrairement à certains nouvellistes prêts à tous les excès dans le sanguinolent et l'extraordinaire, Mélanie Fazi invite le lecteur à pénétrer dans des mondes qui se situent à la frange de la normalité, à la frontière du quotidien. Les décors de la majorité de ses nouvelles appartiennent ainsi au réel. Ce peut être la boutique d'un tatoueur, comme une rame de métro parisien, ou même une aire d'autoroute. Ancrés dans la réalité, ses récits prennent alors le temps de captiver le lecteur avant de lui faire découvrir, plus ou moins brutalement, mais toujours au bon moment, l'élément fantastique et souvent surprenant qu'il contient. Pour reprendre un terme utilisé en quatrième de couverture, Mélanie Fazi parvient à merveille à ouvrir les failles que dissimule le réel.

Des failles qui sont encore plus sensibles dans la galerie de personnages que dépeint Mélanie Fazi. Et, même si on ne connaît d'eux que leur prénom, Joseph, Anouk, Bérénice, Anton ou Norma Lee, Mélanie Fazi sait leur donner un corps et, plus important, une âme en quelques lignes ou quelques pages. Il s'agit parfois d'une âme torturée par la souffrance, envahie par des pulsions meurtrières ou suicidaires, mais il peut aussi s'agir d'une âme pure à peine sortie de l'enfance. S'ils ne sont pas tous réalistes, en particulier Circé et Odysseus, les personnages de Mélanie Fazi portent cependant en eux une réelle crédibilité qui les rend attachants pour certains et vraiment effrayants pour d'autres.

Il y a des livres qu'il ne faut absolument pas résumer sous peine de faire disparaître la magie qui les entoure, Serpentine est de ceux-là. C'est un ouvrage qu'il faut lire impérativement, nouvelle après nouvelle, ambiance après ambiance. Car même si Mélanie Fazi y impose d'ores et déjà un ton très personnel, chaque récit a une coloration qui n'appartient qu'à lui qu'il est indispensable de découvrir à la lecture et sans aucun a priori.

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