Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 52 les Romans de Philip K. Dick

Keep Watching the Skies! nº 52, novembre 2005

Kim Stanley Robinson : les Romans de Philip K. Dick

(the Novels of Philip K. Dick)

rédactionnel

 chercher ce livre sur amazon.fr

chronique par Noé Gaillard

J'avoue avoir éprouvé de grands plaisirs à la lecture de Dick, même lorsque je ne comprenais pas. Impression d'un maelström plus ou moins rugissant emportant tout sur son passage pour régurgiter le lecteur broyé, lissé, et/ou hérissé de mille aspérités et se cherchant de nouveaux repères. J'avoue avoir eu dès les Menhirs de glace un faible pour K. S. Robinson, accentué par une lecture tardive de sa trilogie martienne, et définitivement accepté après les Chroniques

Je me suis donc précipité sur les Romans de Philip K. Dick de Kim Stanley Robinson. J'ai failli abandonner le volume dans les trente premières pages. Non par manque d'intérêt hélas, mais pour avoir eu l'impression que l'on se moquait royalement de moi. Passons sur la préface de maître Duvic qui vaut ce qu'elle vaut comme introduction à Dick, et analysons ce qui surnage du texte de Robinson après ce que j'oserais appeler le massacre à la tronçonneuse que lui fait subir Laurent Queyssi. J'ai relevé quarante-quatre bourdes diverses (orthographe et erreurs de trado créatrices de néologismes étranges) qui dénaturent le “style” universitaire de l'œuvre — j'en ai sans doute oublié mais je tiens le relevé à la disposition de qui le désire. Pour le reste, en gardant une traduction proche du texte le traducteur restitue une langue lourde de conjonctives et de répétitions qui rend la lecture pour le moins pénible. Sachant que K.S.R. a étudié le français pour pouvoir lire Proust dans le texte, j'aimerais bien connaître son avis sur la traduction de son mémoire1

Comme annoncé K.S.R. analyse les romans de Dick en s'appuyant sur eux bien sûr, et sur les commentaires critiques qui en ont accueilli certains. Pour les Dickiens, rien que l'on ne sache déjà, rien que l'on n'ait décelé ou pressenti à la lecture des œuvres2 : il considère comme chefs-d'œuvre les mêmes livres que nous ; peut-être goûtera-t-on la mise en perspective, la confrontation et quelques justifications. Mais à ce propos on s'étonnera que K.S.R. annonce une fois ne pas vouloir s'intéresser à la vie privée de Dick, et utilise celle-ci comme argument dans la dernière partie. Passons sur la postface de Laurent Queyssi (déjà publiée en 2000 dans Bifrost 18), redondante par rapport au mémoire de KSR, et dont le seul mérite est de montrer comment aurait pu être traduit le texte universitaire.

Un livre inutile, bâclé pour des exigences éditorialo-commerciales me direz-vous ! Et bien non, un livre utile pour les jeunes lecteurs qui découvrent Dick aujourd'hui, et à qui j'en suis sûr ce travail peut donner envie de lire une bonne dizaine de romans — pour peu qu'ils soient disponibles, sinon Dick doit figurer au catalogue de votre Bibliothèque Municipale. Bonne lecture (un œil exercé fait rapidement le tri de ce qui importe dans une page).

Notes

  1. Rappelons qu'il s'agit du texte de la thèse de doctorat de Robinson, soutenue en 1982 et publiée en 1984 par UMI Press, de Ann Arbor, Michigan — NdlR.
  2. Mes souvenirs de lecture de ce livre remontent à plus de quinze ans, mais je signalerai quand même deux points saillants : la lecture politique de Dick comme avocat de la révolution, dans ses premiers romans ; et une typologie des protagonistes et de leurs relations. Et n'oublions pas que l'ouvrage a été écrit bien avant que le discours sur Dick soit devenu pléthorique, même aux USA — NdlR.