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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 53 Faerie hackers & thriller

Keep Watching the Skies! nº 53, mai 2006

Johan Heliot : Faerie hackers ~ Faerie thriller

romans de Fantasy

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chronique par Philippe Paygnard

Une fée, un preux chevalier et un nain à la poursuite d'un démon, quoi de plus classique pour un roman de Fantasy. On pourrait croire que Johan Heliot se livre, avec Faerie hackers, à un simple exercice de style, à une nouvelle variation sur le même thème, mais ce serait bien mal connaître l'auteur de la Lune seule le sait. Même si son roman ne fait que conter une nouvelle bataille de cette guerre éternelle que se livrent les armées du Bien et les hordes du Mal, Heliot en profite pour créer un univers qui n'appartient qu'à lui avec ses lois et ses règles.

L'histoire commence donc dans une dimension parallèle, bien loin de la surface de notre monde, en un lieu où la magie, qui porte ici le joli nom de Couleur, est encore totalement présente alors qu'elle s'efface peu à peu de la Surface. Baptisé Faerie, cette contrée est menacée par la colère destructrice et vengeresse du démon Mass'Erzelt. Ce dernier a réussi à s'échapper des geôles qui le retenaient depuis des siècles et il est parvenu à rejoindre la Surface. En quête d'alliés humains pour libérer ses frères démons et se venger des habitants de Faerie, il compte bien utiliser la technologie de la Surface pour venir à bout de la Couleur. Le capitaine Lartagne, preux chevalier et officier de la garde royale de Faerie se lance donc à sa poursuite avec l'aide, quelque peu contrainte et forcée, de Lillshellyann, une fée exilée à la Surface, et avec le renfort de Biborg, un nain mercenaire.

L'originalité de ce roman ne tient donc pas à la rencontre entre les mondes réel et féerique, devenue classique depuis Peter Pan de J.M. Barrie. Elle ne tient pas non plus à l'utilisation des jeux vidéo comme porte vers un autre univers, rendue banale depuis le film Tron. Non, Faerie hackers tire plus certainement son originalité de l'harmonie et la cohérence que reflètent le monde de Faerie et ses habitants.

Pourtant, pour créer cet univers magique, Johan Heliot n'hésite pas à s'inspirer des grands classiques du genre. C'est donc sans surprise que l'on peut croiser en ce lieu des géants, des sorciers, des fées ou des nains, mais, il leur ajoute son Heliot Touch. L'auteur fait d'ailleurs montre d'une certaine roublardise en dotant son personnage principal du physique et des attributs du célèbre D'Artagnan, avant de laisser filtrer par la bouche de son Lartagne qu'en réalité c'est nul autre que lui, le héros de Faerie, qui a inspiré Alexandre Dumas. Quant à Lillshellyann, c'est une fée, mais elle a eu l'audace de développer dans le monde figé de Faerie des idées progressistes, des thèses “fée-ministes” si j'ose dire. Avec de tels personnages, on ne s'ennuie donc pas une seule minute en lisant le récit de Johan Heliot.

Si Faerie hackers est un véritable roman d'aventures avec un très classique affrontement entre les forces du Bien et celles du Mal, Faerie thriller, même s'il reprend les personnages principaux du premier opus, semble bien plus complexe.

En effet, cette fois, le capitaine Lartagne et la fée Lillshellyann se trouvent mêlés à une véritable enquête policière. Des meurtres particulièrement atroces ont lieu à la Surface, mais semblent avoir un rapport avec la bibliothèque de la Folie Clébédia située au cœur de Faerie.

Cependant, en Surface, le capitaine de police Thomas Vaugé, chargé du dossier, ignore cela et a le plus grand mal à trouver le lien qui peut unir les différentes victimes. Quel rapport peut-il bien y avoir entre une femme de ménage, un vigile et un jeune auteur de Science-Fiction. Il y a cependant un nom qui revient régulièrement aux oreilles du policier, celui d'Étienne Verbellec, l'auteur de nombreux best sellers et la star incontestée des éditions Magillard.

Enquêtant sur la même affaire, mais avec des points de vue différents, Vaugé, Lillshellyan et Lartagne seront bien évidemment conduits à unir leurs forces pour identifier le véritable coupable.

Avec Faerie thriller, Johan Heliot s'amuse cette fois à brouiller les cartes en mélangeant les genres. Polar et Fantasy s'entremêlent autour de ce qui pourrait être un roman à clé si les nom et silhouette dissimulés derrière le patronyme de Verbellec n'étaient pas si volontairement transparents. À l'évidence, Johan Heliot s'amuse avec ses personnages et joue avec ses lecteurs pour le plus grand plaisir de ses derniers.

Après Faerie hackers et Faerie thriller, il semble évident que tout n'a pas été dit sur le monde de Faerie. Et comme tout le monde sait que les meilleurs cycles, qu'ils soient littéraires ou cinématographiques, se développent sous forme de trilogie, c'est avec impatience que j'attends le prochain opus des aventures de Lillshellyan (Lil pour les intimes) et du capitaine Lartagne (Larty pour ses proches).

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