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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 55 Rassegna bibliografica della letteratura critica sulla “science fiction” statunitense 1970-2003

Keep Watching the Skies! nº 55, novembre 2006

Sante Fernararo : Rassegna bibliografica della letteratura critica sulla “science fiction” statunitense 1970-2003

rédactionnel inédit en français

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chronique par Éric Vial

Cet opuscule ne nécessite pas absolument de pratiquer la langue de Silvio Berlusconi — mais aussi heureusement de Valerio Evangelisti, Luca Masali et d'autres —, puisque les pages 40 à 137 sont une suite de références bibliographiques anglophones pour l'essentiel, avec certes parfois quelques commentaires, mais fort brefs. On a donc presque cent pages de listes, plutôt à jour, et donc assez franchement utiles. Ceci même si on peut discutailler, demander avec quelque perfidie pourquoi les articles consacrés à un seul auteur sont en principe exclus (parce que trop nombreux) alors qu'on trouve un recueil d'essais autobiographiques ou encore, entorse assumée, un texte sur Heinlein au prétexte de son importance particulière (celle d'Heinlein, ou du texte ?). On peut aussi s'étonner de voir scinder dans un classement par auteur les articles issus de recueils et ceux publiés dans des revues, ou se demander s'il est tout à fait utile d'avoir, d'un côté, les références des recueils sus-cités et, d'un autre, les articles qui les composent avec à chaque fois l'identification bibliographique complète de la source… D'autres choix pourront être contestés mais sont tout à fait défendables, s'en tenir à des travaux publiés depuis 1970, ne s'intéresser qu'à la S.-F. produite à partir des années 1920 en laissant tomber les origines ou la préhistoire du genre, et, de facto, se limiter à la production américaine. On pourrait peut-être d'autre part attendre un peu plus de recul critique, voire une discussion rapide des thèses présentées dans les quelques articles qui ont été résumés, et qui laissent parfois dubitatif comme quand il est indiqué que « jusqu'à l'éclatement du conflit [la seconde guerre mondiale], les écrivains de Science-Fiction américaine, encore que de façon différente les uns des autres, tendaient à avoir un ton optimiste et décrivaient dans leurs œuvres des lieux idéaux et parfaits » ; c'est sans doute globalement exact, mais on trouvera des contre-exemples sans trop de peine… Reste que l'ensemble est utile, avec par exemple force références souvent très récentes concernant la S.-F. dans les gender studies, ou une série d'essais de 1974 sur l'usage de la S.-F. comme instrument méthodologique pour l'analyse des problèmes sociaux, un autre de 1993 sur l'évolution du traitement des guerres entre épopée chevaleresque et réalisme, etc., etc., etc. Plus deux pages de sources électroniques, toujours utiles, même si on n'y trouve en réalité que sept références dont la Library of Congress, le site de Science fiction studies, la version en ligne de l'Index to Science Fiction Anthologies and Collections de William Contento et, renversement par rapport aux références “papier” presque exclusivement anglosaxonnes, les revues italiennes Delos et Urania.

Peut-être trouvera-t-on plus d'utilité immédiate à Galactic Central ou à la Linköping Science Fiction & Fantasy Archives.

À côté de ce guide qui, on l'aura compris, ressemble parfois un peu à du gruyère — mais il y a beaucoup à ronger entre les trous —, une introduction était supposée présenter un panorama et de la S.-F. et de sa critique. Peut-être y réussit-elle d'ailleurs de façon paradoxale et inconsciente, en offrant un reflet d'une doxa critique pas toujours très fondée dans les faits mais sans doute fort solidement ancrée, comme quand il est indiqué que Campbell « semble proposer une Science-Fiction complètement neuve, loin du scientisme positiviste de Verne et de Gernsback » ce qui implique pour le moins une impasse sur bien des lectures divergentes de Verne. Ou lorsqu'après une référence à la new wave britannique supposée caractérisée par « une prédominance de thèmes comme le sexe, la violence et les drogues », c'est « avec le cyberpunk au contraire [que] la Science-Fiction commence à utiliser des techniques narratives plus sophistiquées comme, par exemple, le flux de conscience, et déplace son attention du macrocosme, de l'espace interstellaire, vers le micro-macrocosme de la réalité virtuelle. » De façon générale, icelui cyberpunk semble d'ailleurs l'alpha et l'oméga de la modernité en matière de S.-F., englobant tout ce qui se fait de nouveau et d'intéressant, le reste n'ayant en apparence aucune existence notable. On le voit, il y aurait lieu, après un recensement plus précis — et surtout plus international — sur la base de ce qui est repéré ici, de s'interroger sur l'image de la Science-Fiction telle qu'elle est donnée par les essais universitaires et assimilés (ou les essais universitaires et assimilés américains, ou les essais universitaires et assimilés américains pris en compte ici ?), sur son retard par rapport aux publications, sur les distorsions qu'elle présente, et sur le sens des distances constatables entre cette S.-F. avouable ou étudiable d'une part et la réalité d'autre part. Ce qui est publié ici en donne l'idée, et fournit les premières bases. On pourra toujours prétendre que c'est involontaire, mais ce n'est pas si mal et cela fait de ce petit volume quelque chose de non négligeable…