Sauter la navigation

 
Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 60 Glyphes

Keep Watching the Skies! nº 60, juillet 2008

Paul J. McAuley : Glyphes

(Mind's eye)

roman de Science-Fiction

 chercher ce livre sur amazon.fr

chronique par Noé Gaillard

En relisant il y a peu, et pour des raisons personnelles, Coulez mes larmes, dit le policier de Philip K. Dick1 dans l'édition "Ailleurs et demain/Classiques", j'ai trouvé dans la préface de Gérard Klein une phrase justificative de l'attitude du préfacier en tant que directeur de collection : « Mon principe pour "Ailleurs et demain", auquel je me tiens toujours mais qui se montre parfois périlleux, est de ne pas publier tout de la production d'un auteur, mais cela seulement qui me frappe, qui me semble indispensable » (1985).

Cette phrase s'opposait, pour moi, à certaines critiques assez négatives lues récemment à propos de deux romans publiés en "Ailleurs et demain", Rainbows End de Vernor Vinge et Glyphes de Paul J. McAuley. Pour le premier, je n'ai pas grand-chose à ajouter à la chronique de Pascal J. Thomas publiée ici même. Le roman se défend par lui-même, par ses personnages d'une rare densité et leur évolution, par l'idée que l'on puisse gouverner le monde par l'information et par le lapin (référence à Alice, bien sûr) qui aurait pu, à mon sens, être aussi bien l'épouvantail ou le bonhomme en boîtes de conserve du Magicien d'Oz… Pour le second, que certains ont trouvé insignifiant et dépourvu d'intérêt, il me semble aussi qu'il vaut le détour et mérite bien sa place dans la collection.

Alfie Flowers, un photographe anglais méconnu, découvre un graffiti qui le ramène en enfance le temps de se souvenir de la mort de son oncle. Il se met en quête de Morph signataire du graph. Mais le MI5 et/ou le MI6, en la personne d'Harriet, sont aussi sur les rangs, ainsi qu'une bande de tueurs. (On se souviendra qu'à la suite de la première guerre mondiale, les Britanniques ont exercé quelques mandats politico-militaires au Moyen-Orient). Alfie, étant le plus valide du groupe constitué par son oncle pour protéger les Glyphes qui maîtrisent la pensée de l'homme et donc le dominent, ira jusqu'en Irak accompagné de son ami Toby.

Si l'on se contente d'une lecture rapide limitée à l'intrigue, il s'agit d'un roman banal et on peut se sentir lésé… Mais il me semble qu'un lecteur normal devrait se méfier de cette légèreté de ton, de cette écriture simple, de cet humour british qui pour moi traduisent une politesse du désespoir (pour parodier je ne sais plus qui, Arthur Cravan ?). À mon sens, ces caractéristiques permettent de rapprocher McAuley et Stross.

Imaginez un monde où des graffitis, des icônes, des images, des informations, etc., guideraient les individus. Où notre cerveau subjugué obéirait sans réfléchir à des commandements visuels. Il ne nous resterait plus qu'à suivre le sort de l'Œdipe de Pasolini… Comment, tout cela n'est pas dans ce roman ? Êtes-vous sur d'avoir bien lu ?

Ah, vous n'avez vu qu'un monde cruel et meurtrier où le sort des individus est dépourvu d'intérêt, où les hommes agissent en fonction d'ordres donnés… et de pression subie. Ainsi à défaut de jouer à l'Œdipe pasolinien, on pourra se contenter de continuer à jouer les Ulysse attaché au mat.

Bonnes relectures éventuelles.

Notes

  1. Tout à fait entre nous, c'est un bon livre surtout dans cette version intégrale, le final cut de l'auteur.