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Vous êtes ici : Quarante-Deux KWS Sommaire du nº 61 le Fantôme de Baker Street

Keep Watching the Skies! nº 61, décembre 2008

Fabrice Bourland : le Fantôme de Baker Street

roman de Fantasy

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chronique par Éric Vial

Les “détectives de l'étrange” semblent à la mode, ou peut-être sont-ils indémodables. Le steampunk aussi, ou tout au moins la référence à la fin du xixe siècle, réel ou fictionnel. Et Mauméjean a peut-être lancé la mode des volumes supposés détachés d'une œuvre globale imaginaire mais réputée bien connue : ici, les héros sont réputés célèbres comme détectives et l'un d'eux comme mémorialiste relatant leurs enquêtes aux solutions rationnelles, même si les affaires résolues pouvaient initialement paraître relever du Fantastique : la découverte, dans un grenier, d'inédits moins rationalistes expliquerait la publication tardive d'histoires supposées se passer dans les années 1930, 1940, peut-être 1950.

Ici, pour le premier volume en tout cas, on est dans le classique à toute épreuve. Deux amis, Canadiens, l'un plus aventureux et musclé, l'autre, le narrateur, doté d'une mémoire livresque impressionnante, créent à Londres une agence de détectives, en 1932. Le père du second est bien connu dans le monde de l'occultisme, mais par réaction, lui-même fait profession du plus franc scepticisme. Et bien entendu, il va se trouver confronté à assez de phénomènes surnaturels pour changer radicalement d'opinion. Par ailleurs, même au temps de la crise économique mondiale, il est possible de reconvoquer les grands personnages de l'imaginaire victorien : Sherlock Holmes et son entourage canonique, on s'en doute dès le titre, mais aussi Dracula, le docteur Hyde, Dorian Gray, Jack l'éventreur (l'imaginaire collectif n'est pas seulement romanesque) et même en prime, fugitivement, l'Homme invisible, le docteur Moreau et Carmilla. Le tout revigoré par les éditions et adaptations cinématographiques de l'entre-deux-guerres. D'où des crimes inexpliqués, des assassins évanescents, des séances d'occultisme, l'intervention motrice de la veuve de Sir Conan Doyle, etc.

Le résultat a sans doute les mérites et les limites d'un pastiche, destiné qui plus est à un assez large public ce qui impose de s'en tenir aux évidences les plus éclatantes. Mais ce n'est pas désagréable. On a fait bien pire comme entrée en matière d'une série. Les amateurs apprécieront, car une petite variation dans la répétition est le plus sur fondement du plaisir en matière de littérature sérielle. Les autres pourront passer leur chemin sans rien perdre d'inoubliable, à condition qu'ils trouvent une autre lecture agréable.

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