KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Christophe Lambert : Vegas mytho

roman fantastique, 2010

chronique par Noé Gaillard, 2010

par ailleurs :

L'action principale se déroule en 1957 aux États-Unis et le héros en est Thomas Hanlon, écrivain et poète alcoolo, ancien professeur à l'université Columbia, qui tombe amoureux d'une belle jeune femme : Sofia Stamatis. Thomas pénètre ainsi dans la famille Stamatis, propriétaire d'un casino à Las Vegas, en concurrence avec un autre lieu de débauche tenu par des Égyptiens. Mais la Mafia veille sur ses intérêts et voudrait bien se débarrasser de ces intrus. Grecs et Égyptiens se font la guerre depuis des millénaires car ce sont des dieux devenus presque humains et quasi immortels grâce à l'ambroisie ou autre nectar. S'ils en sont là, c'est à cause de notre incroyance : plus les hommes sont mécréants plus les dieux perdent leur consistance divine. Hanlon sauvera plusieurs fois la vie de Zeus et toute la famille sera trahie… et tout finira pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles où Hoover pourrait être un dieu et Sartre un philosophe.

Ceux qui me font l'honneur et le plaisir de me lire doivent se demander si je ne suis pas tombé sur la tête. En effet, comment, moi qui professe mon peu de goût pour les œuvres de Christophe Lambert, puis-je en proposer une chronique ? Et bien tout simplement parce que cette fois c'est plus agréable à lire, c'est plus étoffé ; les petites touches qui nourrissent le roman le rendent intéressant. Bien sûr, on trouve toujours les maladresses insoutenables qui devraient faire tiquer n'importe quel relecteur : « J'avais posé la plomberie moi-même et détourné le courant d'une ligne à haute tension », « Mon arme secrète : j'étais publié » « …des fiestas branchouilles » (en 57 ?) et d'autres. Mais elles sont en moins grand nombre, ou bien, pris par l'action, je n'ai pas su les voir toutes. Les personnages sont plus épaissis que d'habitude, ils ne se limitent pas à quelques traits plus ou moins gros ou caricaturaux et quand ils le sont encore un peu comme le flic de l'histoire, « un grizzli » (!), ils sont passionnés par quelque chose qui les humanise (le cinéma). Les situations sont aussi plus sophistiquées : au lieu de se limiter à un banal conflit entre les bons et les méchants, Lambert nous offre trois variétés de méchants et des policiers locaux et fédéraux plus des histoires d'amour-désir, avec pour justifier les rapports entre Grecs et Égyptiens des rappels historiques surprenants… Je dirais même qu'il me semble sentir percer un fond d'humour lorsqu'il fait imaginer à la Pythie l'assassinat de Dallas. Mais je suis persuadé qu'il nous faudra attendre le prochain roman pour confirmer cette tendance. En attendant, vous avez là trois bonnes heures de lecture plaisante, histoire de ne pas voir passer le temps si vous devez prendre un train ou si votre week-end est pluvieux.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 65-66, juillet 2010

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