KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Alastair Reynolds : la Pluie du siècle

(Century rain, 2004)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2010

par ailleurs :

Et j'ai dévoré le pavé en un rien de temps. Parfaitement digeste et fort agréable en bouche dans la traduction de Dominique Haas, il laisse même en fond, comme pour les autres romans du même auteur, une envie de continuer à lire ou à imaginer. C'est dire la richesse et la solidité du monde qu'il instaure.

Dans un Paris où sévissent des miliciens teneurs de barrages, Floyd et Custine, mi-musiciens, mi-privés, tentent de trouver du travail. Custine est un ancien haut gradé de la police. Floyd reçoit un appel d'un dénommé Blanchard, qui l'engage pour enquêter sur ce qu'il pense être un meurtre et non un suicide comme le dit la police. Il dit que Floyd lui a été recommandé par un policier du nom de Maillol. Dans le même temps ou presque, Verity Auger perd un assistant dans une fouille insuffisamment sécurisée ; elle va ainsi devenir plus ou moins l'otage de deux factions politiques qui se disputent un pouvoir à l'échelle galactique, et sera envoyée en mission dans le Paris de Floyd et Custine pour y découvrir avec eux des enfants tueurs, programmés pour tuer il y a fort longtemps et qui vont les poursuivre dans le temps et dans l'espace où les deux héros cherchent à désamorcer une arme qui serait fatale à la Terre. Des enfants-arme qui ont vieilli sur notre Terre alors qu'ils auraient dû être désamorcés. Verity a été désignée par la morte assassinée comme devant enquêter sur sa disparition si celle-ci survenait. Verity collectionne les objets venant du Paris où elle va se retrouver.

Mené tambour battant et mêlant intelligemment quelques intrigues secondaires à la principale (panacée anti-cancer, histoire d'amour, querelles internes entre services)… et utilisant des personnages densifiés par ces mêmes intrigues secondaires, ce roman se lit presque d'un trait — presque seulement, car son poids fait que vous êtes contraint de le poser un temps pour reposer vos mains. Mais attention, ce n'est pas aussi simpliste ou distrayant qu'il y paraît, en dehors du fait qu'un lecteur anglophone pourrait y trouver des “choses” qui nous sont étrangères, et il me semble être face à une production du même genre que celle de Charles Stross (dont on attend toujours la suite : trois volumes parus alors que le sixième est sorti en anglais). Là aussi, c'est au lecteur de tirer de sous l'aventure les analyses et les réflexions qui s'imposent. Ici, les rapports d'alliance, le passé, les enfants tueurs. Cette idée d'enfants programmés pour tuer n'est peut-être pas très nouvelle mais, dans la mesure où elle s'appuie sur des faits réels, elle prend une certaine importance et devrait nous inciter à réfléchir — au moins au sort des enfants soldats — au-delà de l'anecdote du roman. Se pose alors la question de l'incidence de ce genre de romans. Peut-on se contenter de les considérer comme de simples moyens de détente et/ou de dépaysement, comme exutoires pour individu stressé ?

Bonne lecture.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 65-66, juillet 2010

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