KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jeanne-A Debats : la Vieille Anglaise et le continent

court roman de Science-Fiction, 2008

chronique par Pascal J. Thomas, 2010

par ailleurs :

J'étais curieux de lire ce long récit — cette novella dirons-nous à l'anglaise à l'instar de son éditeur, Griffe d'encre. Elle avait été couronnée par une multitude de prix. L'auteur projetait une image dynamique. Deux raisons suffisantes.

Pas de déception : dès la première phrase, nous sommes plongés (sans jeu de mots) dans le vif du sujet — développer son propos sur peu de pages incite à l'efficacité. Ann Kelvin, la Vieille Anglaise du titre, a connu une longue vie de biologiste et de militante écologiste. Elle se sait condamnée par la maladie, et n'hésite pas longtemps quand un collègue plus jeune lui propose de transférer son esprit dans le corps d'un cachalot. C'est l'occasion de nouvelles explorations.

Nous allons suivre en parallèle la réalisation du transfert, et les tribulations sous-marines d'Ann Kelvin, sa prise de contact avec les vrais cachalots, et ses macabres découvertes sur les manigances de certains Humains. On pense à Varley, avec une forte teinture de notre actualité, version écoterrorisme et questionnement sur les motivations du mécénat industriel — plus on donne, plus on a de mauvaise conscience de multinationale à racheter… On pense à Varley à cause de l'échange de corps, et de l'ambiguïté sexuelle : Ann se retrouve dans le corps d'un cachalot mâle, mais se lie d'amitié — et peut-être un peu plus — avec un autre mâle, authentique cétacé, lui. Mais tout cela est évoqué à petites touches, beaucoup est évoqué plus que développé. Sur quatre-vingts pages, c'est inévitable, mais aussi génial de simplicité et de retenue. Un génie qui suffit à expliquer les prix accumulés sur un texte de SF finalement très classique dans son contenu ? Ou dois-je y voir un syndrome de manque d'une telle SF sur les étagères d'aujourd'hui ? Pour le savoir, vous serez bien obligés de lire le bouquin — et grand bien vous fasse.

Pascal J. Thomas → Keep Watching the Skies!, nº 65-66, juillet 2010

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