KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Pablo De Santis : la Soif primordiale

(los Anticuarios, 2010)

roman fantastique

chronique par Noé Gaillard, 2013

par ailleurs :

Santiago, jeune réparateur de machines à écrire dans les années 50 à Buenos Aires, devient brutalement, à la suite du décès du responsable, chef de la rubrique ésotérique du journal, et par voie de conséquence informateur au ministère de l'Occulte. Il va devoir prendre conscience de son rôle, de la nécessité d'informer un ministère secret mais actif.

Son travail de journaliste le met en contact avec des spécialistes des superstitions ; il assiste à un meurtre et surtout entre en relation avec les “Antiquaires”, que le lecteur aura vite fait de prendre pour des vampires. En tout cas, ces antiquaires sont victimes de la soif primordiale. Ils ont soif de sang. Par la faute d'un amour auquel il ne peut résister (« Que peut la volonté quand elle a le hasard contre elle ? »), il cessera de lutter contre cette soif.

Nous sommes bien loin des histoires de vampires et autres peuples des ténèbres qui hantent les librairies aujourd'hui. Nous sommes dans la littérature tout court. Ce livre se lit comme de la littérature générale. Le personnage est certes sceptique, il cherche le rationnel auquel il est habitué. Mais à partir d'un moment, il disparaît pour céder la place à de l'émotionnel. Quelle que soit la réalité, si vous la regardez avec les yeux humides (pleurs de rire ou de chagrin), vous risquez de ne pas la reconnaître, de vous sentir ailleurs. Santiago est lucide mais il est passé de l'autre côté et de toute façon on pensait qu'il n'était pas “à sa place” lorsqu'il réparait les machines à écrire et retenait les leçons de celui qu'il a remplacé : « Les mots sont faits pour l'erreur, tout ce que nous exprimons avec des mots sera toujours erroné. ». Voilà de quoi nous faire réfléchir, d'autant plus qu'une fois entré dans ce roman il est difficile de s'en extraire, de cesser de persister dans l'erreur… de l'auteur.

PS : le nom de l'auteur est orthographié "De Santis" sur tous ses livres en espagnol et "de Santis" sur une partie des couvertures du présent livre français.

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 72, août 2013

Commentaires

Ajouter un commentaire

Les commentaires sont publiés après validation par Quarante-Deux.