KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Lydia Millet : le Cœur est un noyau candide

(Oh pure and radiant heart, 2005)

roman de Science-Fiction

chronique par Noé Gaillard, 2013

par ailleurs :

La traduction du titre ne me semble pas rendre compte du titre anglais. Dans la version anglaise, le mot radiant me paraît plus parlant que le mot noyau dans la version française. Je chipote ? Peut-être ! Mais quand vous saurez que trois des personnages principaux de ce roman — la couverture devient très bavarde — ne sont autres que J. Robert Oppenheimer, Leo Szilard(1) et Enrico Fermi, vous comprendrez ce que je veux dire.

Bref résumé qui comme d'habitude se singularise par son schématisme par rapport au livre. Lors du test de la bombe à Los Alamos, nos trois savants sont brusquement transportés en 2006(2) à Santa Fe. Ils sont recueillis par Ann, une bibliothécaire, et son compagnon. Effrayés par les conséquences de ce qu'ils ont fait et contribué à faire, les trois hommes entament une croisade pour le désarmement général. Ils se démènent et rencontrent une quantité de gens plus ou moins concernés — dont les membres d'une “secte” politique et les gens du new age. Ils iront même tenir discours à l'ONU. Mais comme on pourrait facilement s'en douter, tout cela est inutile. Le monde continue de tourner. Et bien sûr, on en vient à penser que si cela n'avait pas été eux, il y en aurait eu d'autres pour faire exactement la même chose… Nous sommes donc dans une tragédie grecque où le fatum(3) mène la danse et écrase les vivants. Nos trois revenants semblent aussi être les seuls, avec les deux qui les accompagnent, à savoir, à avoir mesuré la portée de ce qui a été fait. Les autres, même ceux qui les soutiennent, suivent une idée, s'opposent, manifestent, mais s'inquiètent peu des conséquences de leurs actes.

Un roman noir, pessimiste et qui pourtant se lit facilement sans arrêt d'indignation, sans choc moral — les passages où Szilard est en butte à l'autorité sont plus risibles qu'angoissants… Alors peut-être finalement sommes-nous dans une comédie(4) et nous est-il insidieusement enjoint de réfléchir à ce qui se passe autour de nous et à ce que nous faisons…

Noé Gaillard → Keep Watching the Skies!, nº 72, août 2013


  1. Celui-là même qui figurait au catalogue Denoël en "Présence du futur" au nº 55 avec le titre la Voix des dauphins.
  2. Le livre a été publié à l'origine en 2005 et la première édition française a paru en 2009.
  3. Pardon, c'est du latin, mais je n'entends point le grec…
  4. Castigat ridendo mores : corriger les mœurs en faisant rire, me souffle mon latin…

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