KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Jérôme Noirez : Brainless

roman fantastique pour la jeunesse, 2015

chronique par Philippe Paygnard, 2016

par ailleurs :

Jason Beermann est un adolescent comme les autres. Il habite dans la banlieue de la petite ville de Vermillion. Il aime les films d'horreur. Il n'a jamais été le premier de la classe, à tel point que tout le monde le surnomme Brainless. Et comme Jason n'a rien d'un apollon ou d'un athlète, il n'a pas beaucoup d'amis et encore moins de petite amie. Bref, c'est vraiment un ado comme les autres, à ceci près que c'est un zombie.

On pourrait croire qu'à force d'être visité et revisité le thème du zombie va fatalement finir par s'épuiser et par s'éteindre de sa belle mort. Cependant, des auteurs comme S.G Browne avec Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l'amour (2019) ou Øystein Stene avec Zombie nostalgie (2014) parviennent encore à surprendre leurs lecteurs avec de nouvelles histoires de morts-vivants. Faisant preuve de la même inventivité sur le sujet, Jérôme Noirez imagine ici un syndrome de coma homéostasique juvénile qui ne frappe que quelques adolescents, dont Jason Beermann, et que les autorités préfèrent cacher au plus grand nombre. Ce qui fait toute l'originalité de Brainless, c'est que le romancier intègre totalement la zombification de son jeune héros à une classique histoire de teenagers, avec la reine de la classe, le capitaine de l'équipe de foot, le souffre-douleur ou la gothique de service. À travers des intermèdes baptisés Confidences de Jason, il y ajoute les rares réflexions de ce “revivant” ou “subvivant”, comme préfère l'appeler son médecin, encore permises par son cerveau en pleine régression. Pourtant, les derniers chapitres de Brainless, tout particulièrement celui qui s'intitule "Classé R" et qui nécessite d'être accompagné d'un adulte pour le lire si l'on a moins de dix-sept ans, prouvent que le monstre n'est pas forcément le zombie tout désigné.

Comme c'est souvent le cas, Jérôme Noirez utilise les zombies pour se livrer à une critique de la société américaine et au-delà du monde moderne. Si le trait peut parfois sembler un peu gros, à la limite de la caricature, c'est tout à fait volontaire de la part du romancier qui réussit en contrepartie à rendre son Jason “Brainless” Beermann particulièrement attachant.

Philippe Paygnard → Keep Watching the Skies!, nº 77, février 2016

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