KWS : comptes rendus de lecture sur la Science-Fiction

Victor Hugo : le Livre des tables : les séances spirites de Jersey

présentation, édition et notes de Patrice Boivin, 2014

chronique par Éric Vial, 2016

par ailleurs :

Entre le fait que le spiritisme ne peut que flirter avec le fantastique et un vague côté steampunk, il aurait été dommage de laisser passer sans la signaler cette publication, en grande partie inédite, des procès-verbaux des séances de spiritisme organisées à Jersey de 1853 à 1855 et en règle générale en présence de Victor Hugo : grandes déclamations ou plus rarement pénibles alignements de lettres sans grand sens, interventions de personnages parfois toujours vivants (Louis-Napoléon Bonaparte qui encourage Hugo dans son opposition à lui-même, p. 62…), souvent disparus, de Chateaubriand à Machiavel, d'André Chénier à Josué, de Voltaire au Christ, de Napoléon Ier (qui critique durement son neveu, p. 134) à Robespierre, du Masque de fer à Caïn, de Judas à Walter Scott, de Léonidas à Molière et de Mozart à Mahomet (qui, p. 167, annonce l'effondrement conjoint du catholicisme romain, de l'orthodoxie et de l'islam sous leurs différentes erreurs), tous s'exprimant en français, bien entendu, faisant nombre de vers français, et même passablement hugoliens, y compris Eschyle et Shakespeare qui explique, p. 201, que « la langue anglaise est inférieure à la langue française ». Plus aussi bien le lion de Florence que celui d'Androclès, une comète, « la Tragédie », « la Critique » ou « la Métempsycose » (qui cause, on ne s'en étonnera guère). Avec parfois des idées relevant d'une proto-Science-Fiction, quand « le Drame » annonce, p. 105, que l'on « fait dans Saturne des poèmes qui ont des relations avec les nôtres », quand « la Mort » dit à Hugo, p. 478, de demander en mourant « vous me réveillerez en 1960, vous me réveillerez en 1980, vous me réveillerez en l'an 2000 », puis, p. 482, qu'il « y a dans l'infini un astre qui s'appelle Saturne et qui souffre, il y a dans l'infini un astre qui s'appelle Mercure et qui souffre, il y a dans l'infini un astre qui s'appelle Mars et qui souffre », ou encore quand « l'Ombre du sépulcre » parle, p. 500, des constellations. Cela fait tout de même un certain nombre de choses à ranger dans la catégorie “des divers et des bizarres”, entre les hétéroclites et les fous littéraires. Et à ce titre, cela a tout de même quelque rapport avec ce qui nous intéresse ici.

Éric Vial → Keep Watching the Skies!, nº 77, février 2016

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