James Morrow : l'Arbre à rêves
(the Continent of lies, 1984)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Seule forme d'art dérivée de la manipulation de l'ADN, le frêve est donné par le fruit du phrénésier. Il ne suffit pourtant pas de le croquer pour connaître de sublimes satisfactions onirofilmiques. Quinjin le sait plus que tout autre, lui qui rame dans la critique. Ses préférences vont plutôt aux frêves d'horreur, style Valse des nécrophiles, perle des conventions spécialisées.
Or, un jour, tout son édifice culturel va être remis en question : un fruit satanique provoque un sanglant autodafé dans une salle de quartier de la planète voisine. La distanciation critique va-t-elle lui permettre de découvrir le coupable ?
James Morrow, auteur de cet Arbre à rêves, en est à son troisième roman. Il a l'estomac plus gros que les yeux. Toutes ses lectures de SF depuis les origines du temps lui ont causé une sorte d'aérophagie pernicieuse que sa prose traduit sans essoufflement. Passant allègrement des hauteurs symboliques de l'interprétation freudienne à la caricature du mauvais mélo, de la critique alerte des milieux fanzineux aux sombres fragments d'héroïque fantaisie, il explore tous les recoins de son thème ambitieux. Il y patauge parfois. Mais si l'on peut chipoter sur la cohérence logique du récit, ses maladresses enfantines, Morrow s'impose par une incontestable pêche, un humour inventif, un style frétillant qui triomphent de tous les obstacles.