Emmanuel Jouanne : l'Âge de Fer
roman de Science-Fiction, 1988
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Pour la rentrée, ça cartonne. Deux collections d'inédits en poche démarrent simultanément. Rien que des auteurs français. Avec huit volumes chez Patrick Siry en rupture de Fleuve noir, sous le label "Science-Fiction", et quatre aux éditions de l'Aurore, maison spécialisée jusque-là dans la réédition de George Sand, sous celui de "Futurs".
Joël Houssin, qui dirige la première, monte au créneau pour se ridiculiser en affirmant d'un ton péremptoire et dans son dossier de presse qu'il était temps de sauver la SF agonisante. Il voit : « les auteurs déracinés dériver dans ce qui semblait être devenu un labyrinthe sans issue où les lecteurs s'égaraient en même temps qu'eux »
. Pourquoi choisir alors tous les écrivains français responsables de cette vaste dégénérescence : Brussolo, Andrevon, Jouanne, Hubert, Pelot, Jeury ? On retrouve les mêmes dans toutes les autres collections. Qui seraient donc les coupables ?
Heureusement, les auteurs sont là pour défendre leur chance. Jouanne aborde sur les chapeaux de roue le virage dangereux du surréalisme en SF, en émule de Robert Desnos gonflé par un moteur turbo. Son Âge de Fer est imprégné d'une fantaisie sauvage : dans une ville poubelle, Néon, loubard en maraude, se trouve soudain accroché à un panneau de signalisation par un cocon de barbe à papa. Une fois délivré, son copain Pixel, bricoleur de génie informatique ne le lui cache pas, il vient d'être victime du docteur Fer, la savante folle. Malgré les embuscades technologiques et les secousses psychotropes, Néon s'entêtera à la coincer dans un douloureux face-à-face. Jouanne s'amuse à redonner vie avec les mots à un archétype du roman populaire, juste avec ce qu'il faut d'idées saugrenues, de métaphores politiques et de fantasmes visuels pour que sa légère distance avec le plaisir d'écrire ne se sente pas.