Robert Silverberg : Starborne
(Starborne, 1996)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Silverberg est de retour. Starborne, son livre nouveau-né, se rattache à son œuvre lyrique. Ce chant vaste et paisible nous fait vivre la randonnée d'un équipage, à la découverte d'une planète rare où pourra s'épanouir l'Humanité. Car, sur Terre, l'utopie est réalisée. La démocratie universelle est instaurée. Les gens travaillent juste ce qu'il faut pour ne pas se fatiguer. Bichonnés par une médecine de pointe, ils atteignent un âge avancé. Tous les bienfaits dont ils rêvent sont à leur portée. Et pourtant, ils s'ennuient. Sans guerroyer, sans combattre pour créer un monde nouveau, la morosité s'abat sur l'espèce humaine. Un seul espoir : le cosmos.
Une chance pour le projet, la traversée de l'hyperespace n'offre plus aucun problème. Au sein d'un univers gris et sans horizon, les cinquante astronautes du Wotan n'ont qu'à attendre l'occasion idéale, en usant leur temps au jeu de Go. Masse, inertie, accélération, vitesse, ces concepts sont ici hors de propos.
Il faut tout l'art d'un écrivain chevronné pour embarquer le lecteur dans cette odyssée statique sans risquer le naufrage. Des personnages forts et bien dessinés : le capitaine, fervent de conquête ; Noelle, l'aveugle télépathe, qui communique avec sa sœur restée sur Terre ; Huw, le pionnier ; Hesper, le découvreur ; Julia, Paco, Roy et les autres. Des connaissances scientifiques assez denses pour rendre crédible ce voyage. Quelques planètes bizarres à visiter. La galaxie n'est-elle remplie que de mondes inhabitables ? La créature humaine constitue-t-elle, statistiquement, l'improbable anomalie ?
Patience dans l'azur.
De crises internes à l'équipage en explorations déconcertantes, cet opéra spatial gagne en amplitude au fil des pages. Je verrais bien son livret illustré d'une composition de Terry Riley, maître de la musique répétitive.