Ayerdhal : Consciences virtuelles
roman de Science-Fiction, 1998
- par ailleurs :
Après le Poulpe, dont les pseudopodes s'étendent avec succès dans le domaine du Polar, voici Macno, une toute nouvelle série intello-popu qui devrait séduire les amateurs de SF si elle maintient son cap. Car au lieu de privilégier l'intrigue policière comme il est souvent d'usage, Macno adopte sans état d'âme la fiction spéculative. Un pari qui vaut la peine d'être risqué.
Tout ce qui vieillit devient con, semble estimer Ayerdhal, qui inaugure la série. Rien n'échappe à la malédiction entropique, pas plus les terroristes, les révolutionnaires, que les rois des affaires et les dirigeants politiques. La cyberurgie, qui est censée réparer des ans l'irréparable outrage en interfaçant l'organique avec l'électronique, ne fait que renforcer le pouvoir de cons puissants et vieillissants. Pour lutter contre le pouvoir népotique de l'ultra-libéralisme, une seule solution : doter l'Humanité d'une conscience virtuelle. L'avenir de l'Homme, c'est la puce ! À condition qu'elle soit infinitésimale et logée dans le trou noir informatique d'un ordinateur quantique. Ce qui n'est pas à la portée du premier génie venu, même en 68. 2068, cela s'entend.
Heureusement, le Gestalt, une cellule de chercheurs reconvertis néobaderiens, va s'employer à noyauter Transcam, la toile contrôlée par l'ONU qui centralise tous les réseaux. Ces scientifiques savent qu'en sous-main, ce sont les membres du M.A.C., consortium interplanétaire, qui l'emploient pour développer leurs profits en expansion illimitée. Mais Transcam est une ville spatiale qu'il est difficile d'infiltrer.
À partir de ce schéma linéaire, Consciences virtuelles s'appuie sur un réel suspense plein d'idées et de sous-entendus. Grâce à son talent de l'ellipse, Ayerdhal sait évoquer une galerie de personnages vivaces, mener son intrigue sans opacité, explorer quelques théories scientifiques avec alacrité. Bref, il gagne son combat par K.O. technique dans la catégorie des poids plume. À l'opposé de lourds pensums infligés par quelques auteurs anglo-saxons armés de traitements de texte sophistiqués, il se prononce pour “Mac no”.