Roland C. Wagner : Tøøns (les Futurs mystères de Paris – 6)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
« Les psychoses sont semblables à ces vieux cartoons. Sous l'absurdité apparente se dissimule une logique très organisée. Un chat noir traverse devant quelqu'un et un porte-avions tombe du ciel. Il y a un rapport évident. »
Cette citation que Roland C. Wagner invente dans Tøøns, sixième volume de ses Futurs mystères de Paris, donne le ton. Dans cet univers du troisième millénaire, après la Grande Terreur et le Mardi gris, s'est formé la Psychosphère, matérialisation de l'inconscient collectif humain, fort utile à l'écrivain qui a besoin de donner une explication à des phénomènes insensés. Puisque tout ce que les Humains ont rêvé a pu, peut, pourra s'y produire. Heureusement, Tem, le détective au chapeau fluo — qu'on voit à peine par moments et qu'on oublie sitôt parti —, est là pour les résoudre avec désinvolture.
Plus qu'à une véritable enquête, c'est donc à une promenade à travers son monde imaginaire à laquelle Wagner nous invite. Mais la vision globale du milieu est sérieusement structurée, intelligemment complétée d'un roman à l'autre, le maniement des paradoxes atteint parfois d'excellents développements. Ici, il puise à l'intrusion de créatures inédites dans la réalité consensuelle. Les Toons en l'occurrence, référencés Tex Avery, qui posent la question de la survie d'êtres plats dans notre univers à trois dimensions.
On peut reprocher à Tøøns un brin de distanciation, et surtout une multitude d'allusions incompréhensibles à ceux qui n'ont pas lu toute l'œuvre de Roland C. Wagner et fréquenté les conventions de SF. Mais cette histoire de livre mystérieusement volé par un personnage de dessin animé rebondit si souvent sur des trouvailles quantiques, des inventions tordues qu'il serait dommage de le négliger. Ne serait-ce que pour les scènes si bien venues empruntées à Roger Rabit où l'on ressent physiquement ce qui nous adviendrait si l'on se trouvait projeté soudain dans un cartoon. Ce n'est pas si souvent qu'on s'amuse dans la Science-Fiction contemporaine et que le pacifisme triomphe de l'adversaire.