Stephen Baxter : Évolution
(Evolution, 2002)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Deux traducteurs s'y sont mis pour venir à bout de cet ouvrage aussi monumental qu'insolite. Baxter, qui nous avait déjà entraînés vers la fin du monde dans ses Vaisseaux du temps, entreprend ici de nous conter l'évolution humaine depuis 65 millions d'années avant notre ère, jusqu'à nos obscurs descendants, dans 500 millions d'années. De la Pangée primitive à la Pangée ultime, puisqu'à la suite de quelques bombardements d'astéroïdes et de dérives, nos continents se réunissent à la fin. Quelle somme de connaissances, quel souffle et quelle persévérance lui ont-ils fallu pour mettre en scène tous les protagonistes de ce roman (?) de SF à suspense génétique et varier les situations ! Car depuis que les premiers hominidés sont apparus, tenant plus du rongeur que du primate, jusqu'à la fin de l'espèce, une sorte de boule orangée vivant en symbiose avec un arbre, l'histoire se répète. Déjà à l'époque des dinosaures, tout est affaire de crocs, de griffes et de dévoration, de recherche éperdue de la nourriture, d'épouillages tribaux et de frottage de parties génitales. Et cela pour une seule idée, gagner une minute d'éternité afin de penser à qui nous sommes et pourquoi. Puis en laisser la trace, construire des civilisations, jusqu'à ce qu'elles s'effacent à jamais.
Car la conclusion de Baxter, ni pessimiste ni optimiste, est que nous servons l'Évolution. Une sorte de machinerie gigantesque destinée à combattre l'entropie, sans aucun but ni finalité. Ceux qui ne verront dans ce livre qu'une orgueilleuse rêverie passeront à côté d'un plaisir rare, celui d'une superbe épopée, dont manque cruellement aujourd'hui notre littérature.