Robert Charles Wilson : Spin
(Spin, 2005)
roman de Science-Fiction
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Robert Charles Wilson est tout le contraire d'un agnostique. Loin de croire que l'absolu est inaccessible à notre connaissance, il ne cesse de s'interroger, à travers des œuvres de premier plan comme Mysterium, les Chronolithes, le Vaisseau des voyageurs, sur le rôle de ces intrus qui pénètrent dans les romans de SF pour semer le désordre et l'interrogation métaphysique.
Ici, ce sont des extraterrestres dont on ne connaîtra jamais rien qui décident d'entourer la Terre d'un voile. Au nom de quoi, les satellites retombent, le Soleil n'est qu'une plus qu'une image réverbérée, tandis que, derrière le masque protecteur qui dissimule les étoiles, le temps s'accélère au point que trois milliards d'années s'écoulent entre le début et la fin du roman.
Mais plus qu'une x-ième allégorie sur le sens de Dieu dans notre monde contemporain, Spin est un livre qui parle des relations impossibles entre l'Humanité et la Science-Fiction. Parce que l'univers est trop difficile à imaginer et que l'au-delà de ce que l'on peut déjà saisir superficiellement est tellement confondant, l'Homme préfère passer sa tondeuse à gazon. Au moins, en interdisant à l'herbe de pousser, il devient le maître du monde. Alors qu'il serait plus intéressant pour lui de divaguer à la suite de mystérieux organismes qui — très lentement, avec beaucoup de froid et un peu d'eau — vont se cristalliser jusqu'aux confins des galaxies pour essayer de comprendre à quoi peut servir notre vaste bazar. Au pire, naturellement, puisque la source lumineuse de l'univers est le mensonge.
C'est pourquoi je vous invite à lire ce Spin, très riche de sens et d'excellente facture, qui par hasard a obtenu le prix Hugo. Car en plus de son talent à spéculer jusqu'à ses forces ultimes, Robert Charles Wilson est un graphomane enchanté, qui donne tellement de corps au moindre de ses personnages que la fiction dépasse ici la réalité.