Paul McAuley : Glyphes
(Mind's eye, 2005)
roman de Science-Fiction
- par ailleurs :
Fasciné, le regard suit les entrelacs alambiqués du glyphe. Ce qui déclenche un effet “entoptique” et produit la décharge lente et oscillante de grappes de neurones répartis dans le cerveau, puis entraîne une vraie perte de conscience chez le sujet. Pour celui qui maîtrise la science de ces signes, tout ce qu'il peut exiger d'un homme devient possible. Sous le biais de caricatures antiaméricaines, ressurgissent à Londres des glyphes oubliés que des archéologues avaient trouvés au fin fond de grottes paléolithiques dans un coin perdu de l'Irak, avant la Seconde Guerre mondiale. Ces graffitis deviennent l'enjeu d'une recherche frénétique, au nom d'intérêts divers, afin de découvrir qui est, où se cache l'énigmatique Morph qui les signe.
Alfie, le premier, qui fut initié très jeune par son père aux mystères des glyphes et du haka (la drogue qui permet d'y accéder). Il en porte encore l'empreinte douloureuse : des crises d'épilepsie qu'il contient à l'aide de tranquillisants. Harriet aussi, dont le grand-père fit partie de l'expédition qui découvrit les glyphes. Pourquoi créa-t-il le Nomads' Club ? Sans compter les services spéciaux, les terroristes, les entreprises qui en espèrent de juteux bénéfices et les savants fous.
Commence alors un chassé-croisé endiablé entre les différents protagonistes, nourri d'enquêtes, de filatures et de coups fourrés où adversaires et associés tentent de s'emparer de Morph. D'abord à travers un Londres bien senti, puis aux frontières de la Turquie et dans un Irak “occupé” saisissant de réalisme. C'est dans cette deuxième partie que Paul McAuley offre le meilleur de sa veine, sur les franges du roman-feuilleton, sans vraiment exploiter jusqu'à leur terme les données de sa spéculation.
Car, si McAuley ne manque ni de sensibilité ni d'imagination, il est animé par un tel souci de tenir à tout prix son lecteur en haleine que ses techniques professionnelles s'inscrivent au détriment d'une inspiration plus littéraire. À ces fins, il utilise des stock-shots scientifiques, abuse du deus ex machina, séduit par des dialogues souvent savoureux — parfois longs et discursifs. Ce n'est pas le genre d'écrivain qui s'immerge dans son œuvre pour suivre l'évolution psychologique de ses personnages jusqu'au dénouement, transmettre de vrais sentiments, des visions inédites, mais plutôt un illusionniste qui les manipule au profit du grand spectacle. Son fonds de commerce est l'action tambour battant, l'écriture “effets spéciaux”. Il pratique le home cinema sur papier.